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Coutumes et superstitions de Noël jadis en Lorraine

Jadis, en Lorraine, le paysan avait coutume de donner à ses bêtes double ration de foin, ainsi que bonne litière. Il pensait d’ailleurs que, durant la messe de minuit, ces bêtes se mettaient à parler et à raconter tout ce qu’elles avaient gardé sur le cœur durant l’année.

Jadis, en Lorraine, le vigneron avait coutume de remplir un verre de vin juste avant de se rendre à l’office divin. Si, à son retour, le verre avait débordé, c’est que la prochaine vendange serait exceptionnelle.

vin chaud

Jadis, en Lorraine, le laboureur avait coutume de jeter dans une poêle bien chaude douze petits grains de blé censés représenter chacun des douze mois de l’année. On pensait voir, dans la façon dont chacun des grains grillait ou sautillait, le temps qu’il allait faire tout au long de l’année à venir. D’aucuns prétendaient que le temps qu’il faisait durant chacun des douze jours qui séparent Noël de la fête des rois annonçait le temps qu’il ferait chacun des douze prochains mois.

Jadis, en Lorraine, on pensait que les arbres se mettaient à fleurir durant la sainte nuit. Mais malheur à celui qui voudrait voir ce miracle ! Il irait forcément en enfer. Puisque, par essence, il serait un mauvais chrétien, à préférer ce genre de croyance à la messe de minuit.

Jadis, en Lorraine, le réveillon de Noël consistait en un simple rècenon. Chacun apportait un petit quelque chose et on grignotait, autour du feu, des noix, des gâteaux, quelques fruits et du vin cuit. On daîllait, on ratschait, on couâraillait. Une histoire drôle succédait à une anecdote qui parlait de lavandières ou de pêche miraculeuse. Les plus jeunes écoutaient les anciens. Et les anciens taquinaient les bambins.

bûche de Noël

Jadis, en Lorraine, le maître de maison bénissait, en l’aspergeant de vin, une toute nouvelle bûche de chêne enrubannée de lierre et de feuillage. La bûche devait tenir jusqu’à la fête des rois. On la retirait du feu par moment. On la gardait. Et le dernier tison, une fois éteint, était même parfois placé au-dessus de l’armoire, dans la chambre. On pensait que cela préservait la maison de la foudre et de l’incendie.

Jadis, en Lorraine …

Loin de moi l’idée de crier que c’était mieux avant ! Loin de moi la volonté de revenir à ces temps pénibles où, en dehors de ces rares fêtes, la vie se résumait aux labours, aux semailles et aux rudes travaux des champs. Je tenais juste à vous offrir, chers amis, quelques anecdotes. Un petit bouquet de croyances et de coutumes anciennes, propres à notre province et par lesquelles nous touchons à un beau patrimoine. Un patrimoine immatériel et particulièrement fragile. Car en effet, si nous ne prenons pas la peine de transmettre nos fêtes, nos coutumes et nos traditions, nos contes et nos chants, nos recettes et nos croyances, alors nous prenons le risque de les voir disparaître. Le patrimoine ne se résume pas seulement à nos châteaux, églises, lavoirs et autres croix de chemin. Il est, en vérité, tout ce que nous avons hérité de ceux qui étaient là, avant nous. Un trésor, assurément ! Le plus, beau, peut-être, des cadeaux de Noël. Avec ce temps qui passe et que nous offrons à ceux que nous aimons !

Alors chantez ! Cuisinez ! Transmettez vos recettes, vos coutumes, vos anecdotes ! Racontez à vos proches votre plus beau Noël ! Transmettez oui, transmettez à votre tour tout ce que vous avez reçu. C’est cela, je crois, l’esprit de Noël !

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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