C’est le Roi René, Duc de Lorraine, qui ramena la mirabelle en ses terres au XVème siècle. Le fruit connait rapidement un essor, et pour cause ! Dans son pays d’origine, le Caucase, le mirabellier donne des fruits petits et acides. Mais le climat très particulier de la Lorraine, continental aux dépressions océaniques et dont les terres exposées au Soleil permettent la présence d’espèces méditerranéennes, plait beaucoup au mirabellier qui s’épanouit presque uniquement dans notre région, donnant ainsi de gros fruits sucrés. Ce qui explique pourquoi plus de 70 % de la production mondiale de mirabelles vient de Lorraine !
Mais l’essor de la mirabelle en Lorraine est également dû à une vaste épidémie de phylloxéra qui détruisit le vignoble lorrain. Avant ce désastre, la Lorraine était la première région viticole de France. La Première Guerre mondiale suit de près. Les paysans décident alors de planter des mirabelliers à la place des vignes. Les vergers s’étendent de façon spectaculaire entre 1920 et 1930, à tel point qu’ils couvrent plus de 10 000 hectares en 1935.
Le mois d’août marque ainsi les grandes récoltes de la précieuse prune jaune. La capitale de la mirabelle est le petit village de Rozelieures, en Meurthe-et-Moselle, mais avec ses Fêtes de la Mirabelle, Metz a tendance à avoir également ce titre depuis peu.
Le fruit peut se déguster nature, mais on en fait aussi des tartes, des vôtes, sortes de crêpes traditionnelles de Lorraine aux fruits, de la goutte (eau de vie), de la liqueur, du sirop, de la confiture, de la bière et bien d’autres gourmandises !
Chaque saison apporte à notre pays ses couleurs et ses émotions. Mais il en est une que je préfère par-dessus tout. C’est la fin de l’été. Quand les jours sont moins longs et les nuits plus fraîches. Temps des premiers brouillards, de la rentrée des classes, des ultimes chaleurs et des colchiques en fleurs. C’est le temps des mirabelles.
Il n’y a pas de plus belle saison, en Lorraine, que celle des mirabelles. Partout où pousse l’arbre aux branches capricieuses, on croit assister à une grêle dorée. Secoués, holés, remués, les arbres font tomber une myriade de perles blondes, légèrement piquetées de taches rouges comme le sang. Et ces perles de miel, bientôt, finissent dans des charpagnes et des grandes clayettes, que les marchands posent à même l’usoir, au bord des routes, avec une petite pancarte qui indique un prix si bas que l’on ne peut résister à l’achat.
Profitez de la saison des mirabelles, chers amis ! Savourez notre fruit d’or, cru, en tartes, en confitures, en glace ou sur une viande ! Nos mirabelles ont un parfum si doux ! Si subtil. C’est l’inimitable saveur de notre petite patrie. Et c’est pour cela qu’on l’aime tant, notre mirabelle.