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Un parfum de Méditerranée en Lorraine

Argus bleu ou Azuré commun (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

La Lorraine a souvent la réputation fortement exagérée d’un pays froid et pluvieux. Celle-ci est probablement due à l’hiver 1939-1940 qui fut exceptionnel, et pendant lequel un grand nombre de soldats français, qui étaient en garnison sur les fortifications de la Ligne Maginot, ont pu se faire une idée déformée du climat lorrain qu’ils ont par la suite diffusé.

Pelouse calcaire du Potelon
Pelouse calcaire du Potelon à Attigneville dans l’Ouest vosgien (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Pourtant la Lorraine a permis l’implantation d’espèces végétales et animales de type méditerranéen sur son territoire. Si le climat lorrain était aussi rude qu’on le dit, ces espèces n’auraient jamais pu s’y installer. Elles se retrouvent surtout dans les pelouses sèches qui sont généralement localisées sur des flancs de coteaux calcaires particulièrement bien exposés au Soleil. La nature calcaire de la roche permet une infiltration rapide de l’eau de pluie et de ruissellement. Ces conditions chaudes et sèches expliquent ainsi la présence d’une faune et d’une flore méridionale.

Centranthe rouge
Le Centranthe rouge, appelé aussi Lilas d’Espagne ou Valériane rouge, est une plante méditerranéenne qui n’est présente que sur un seul site en Lorraine (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Des orchidées sauvages à profusion

Les orchidées sont des plantes surprenantes qui ont su faire preuve de beaucoup d’ingéniosité pour se reproduire. Elles sont au sommet de l’évolution des végétaux. Certaines comme l’Orchis pyramidale cultivent l’esthétique de leur hampe florale. D’autres comme l’Ophrys abeille ont développé la technique du mimétisme de l’apparence et l’odeur du pollinisateur. Enfin, la plupart porte un nom évocateur et anecdotique qui trouve sa justification dans l’observation de la plante. Orchis militaire présente par exemple des fleurs qui ressemblent à un homme casqué tandis qu’Orchis bouc a trouvé son nom dans son odeur.

Orchis pyramidal
Orchis pyramidal (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Des insectes méridionaux et des reptiles

Chant des cigales des montagnes, papillons comme le machaon, le flambé, la touche bleu turquoise de l’azuré, ou encore mante religieuse peuplent les pelouses calcaires. Lézard des souches, vipère aspic et coronelle lisse, petite couleuvre inoffensive, sont autant de reptiles qui renforcent encore le caractère méridional des pelouses calcaires. Des milieux naturels façonnés et entretenus par les activités agricoles. Les pelouses sèches résultent d’un défrichage datant de la Préhistoire. Par la suite, les coteaux les plus favorables ont accueilli vignes et vergers tandis que les sites moins favorables servent toujours de pâturage pour les moutons en transhumance. Ces pratiques ont permis de garder ces milieux naturels ouverts à travers les siècles et jusqu’à ce jour.

Mante religieuse
Mante religieuse (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Rédigé par Jean-Michaël CHOSEROT

Educateur à l’environnement du Pays de Lorraine, Président de l'association naturaliste et historienne Berian, membre de la Société Philomatique Vosgienne et guide du Camp celtique de la Bure pour le Groupe BLE Lorraine.

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4 Commentaires

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  1. Conçu par le Conservatoire d’Espace Naturels de Lorraine, le sentier de découverte des pelouses calcaires de la côte de Lorry-Mardigny a dernièrement été renouvelé. Désormais agrémenté de plusieurs panneaux pédagogiques et de cinq stèles en pierre de Jaumont sculptées en bas-relief par des artistes vosgiens, il permet de découvrir sur une boucle de 1,5 kilomètre toute la richesse floristique et faunistique de ce site naturel (papillons et insectes, oiseaux, chauves-souris, orchidées, fossiles, etc.) façonné depuis des centaines d’années par le passage des troupeaux de moutons en transhumance. Une table d’orientation et un cadre pivotant permettent également d’identifier les éléments du paysage visibles depuis la côte. Ces aménagements ont représenté un investissement de quelques dizaines de milliers d’euros.

  2. Bonjour,
    Je lis dans votre article que :
     » Le Centranthe rouge, appelé aussi Lilas d’Espagne ou Valériane rouge, est une plante méditerranéenne qui n’est présente que sur un seul site en Lorraine  »
    Je ne m’explique pas cette affirmation, car c’est pour moi une plante très commune en Lorraine, qui pousse même dans mon jardin.

    • Bonjour, étant l’auteur de l’article originel que vous pouvez retrouver sur : https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1118490788527857%26id%3D539727146404227&width=500, je me permet de vous répondre qu’il y en effet eu une confusion de faite lors de la rédaction de l’article. Bien qu’elle ressemble beaucoup à la Centranthe rouge, il s’agit en réalité d’une Centranthe à feuilles étroites (Centranthus angustifolius) qui est présente à l’état sauvage uniquement sur ce site en Lorraine.

      Toute fois attention de ne pas comparer les plantes que vous retrouvez dans les jardins et les espèces sauvages. Car pour exemple, aujourd’hui on retrouve une commercialisation importante de l’Edelweiss pour les jardins, cela n’empêche pas pour autant que cette espèce à l’état sauvage est rare et ne se retrouve pas en dessous de l’étage subalpin.

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