Kévin GOEURIOT
Lorsqu’on évoque la période révolutionnaire, on songe, souvent, à ces sans-culottes qui, à coups de masses et de pics, se sont appliqués à éradiquer de notre pays toutes les traces de l’Ancien Régime.
Un peu partout, on les a vu marteler blasons et armoiries, détruire les statues des rois, des ducs et des grands seigneurs. A Nancy, pour ne citer que ce seul exemple, ils ont massacré la statue équestre du Duc Antoine, œuvre de Mansuy Gauvain qui ornait la niche de la porterie du palais ducal.
Si la tourmente révolutionnaire a détruit, elle a aussi créé. La ville de Thionville peut en effet se vanter de posséder l’un des très rares autels de la patrie qui ait été conservé en France. Se présentant sous la forme d’un obélisque reposant sur un dé surmonté d’un puissant entablement, le monument note : « la ville et la garnison de Thionville ont bien mérité de la Patrie ». Phrase laconique, qui fait référence au siège que la ville eut à subir en 1792.
Inauguré le Ier Vendémiaire An V, soit le 22 septembre 1796, jour anniversaire de la proclamation de la Première République, le monument aurait dû être détruit comme les autres sous le Consulat de Bonaparte. Il ne devra son salut qu’au fait d’avoir été déplacé dans le cimetière Saint-François, où il servira de monument aux morts.
L’autel de la patrie n’est réinstallé en centre-ville, Place Claude Arnoult, qu’en 1948 où il continue de témoigner, à des passants souvent indifférents, qu’ici se dresse l’un des seuls monuments de France érigé par une République certes éphémère, mais une République qui allait changer, malgré tout, la face de la France.
