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Du pressoir de Nouilly en Moselle

Le pressoir de Nouilly, près de Metz (Crédits photo : Kévin GOEURIOT pour le Groupe BLE Lorraine)

C’est à Nouilly, petit village situé à un jet de pierre à l’Est de Metz, que se trouve ce monumental pressoir à bascule datant, pour l’essentiel des pièces, du XVIème siècle. Cet impressionnant assemblage de poutres, de solides madriers de chêne et d’une vis en bois fruitier mesure douze mètres de long et pèse près de vingt tonnes. Restauré en 1991, le pressoir témoigne du passé viticole de ce hameau du Pays Messin. Il servait jadis à presser la vendange récoltée dans les vignes recouvrant les collines qui s’étiraient en rive droite du ruisseau de Vallières. Jusqu’à la crise du phylloxera, le ban de Nouilly comptait en effet un peu plus de cinquante hectares de vignes. Des pampres desquels on tirait des grappes de Baco noir, de Chardonnay ou encore de Printanier, des cépages oubliés qui finissaient donc au pressoir ou plutôt au « chauqueur » ou « chaukû », comme on disait en Lorrain roman.

Comme son nom l’indique, le pressoir de Nouilly servait à presser les grappes de raisin, afin d’en extraire le jus qui bientôt deviendrait vin. Le principe était simple. Le raisin était placé sous l’arbre, cette énorme pièce de bois entourée de fagots. Le madrier était alors actionné par la vis et faisait bascule, pressant ainsi lentement les fruits, qui laissaient écouler le long d’une rigole le précieux nectar. Un système d’aiguilles, sortes de solives en bois, permettait de réguler la vitesse du pressurage en jouant sur l’angle avec lequel l’arbre venait appuyer sur la récolte. Ce système, hérité du Moyen-âge et peut-être même de l’Antiquité, était assez répandu en Lorraine. On retrouve en effet un pressoir similaire à Guentrange, près de Thionville, ainsi qu’un autre spécimen à Beaulieu-en-Argonne, en Meuse.

L’opération de pressage était particulièrement physique. Délicate même. Elle était une sorte de fête, qui permettait d’obtenir le vin nouveau, breuvage précieux qui, s’il n’égalait certes pas les vins d’Arbois ou de Bourgogne, demeurait nécessaire à la dure vie de nos aïeux. Car oui, le vin que l’on produisait jadis en Lorraine n’était pas de très grande qualité. Un poème messin du XIVème siècle nous dit que la cité de Metz sera prise par le Duc de Lorraine et ses alliés « le jour où il n’y aura plus de ribaudes aux foires de Champagne ou le jour où les vins de Lorraine seront meilleurs que les vins d’Arbois ».

Cela n’empêchait pas nos aïeux de vendre les vins messins jusque dans les Allemagnes. Et leurs descendants d’avoir obtenu la prestigieuse AOC Vin de Moselle.

Le pressoir de Nouilly, hélas, n’est plus ouvert à la visite. Abimé par les affres du temps et de notre climat, il devrait cependant faire l’objet d’une campagne de restauration. Affaire à suivre, comme on dit.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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