Kévin GOEURIOT
Les touristes qui débarquent à Metz, et même, parfois, les Messins eux-mêmes, sont souvent surpris d’apprendre que la ville renferme la plus vieille église de France. Oui ! Rien de moins ! Enfin, à peu près.
Saint-Pierre-aux-Nonnains, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a été, avant de devenir la salle de spectacle qu’on connaît aujourd’hui, une église réputée, et dont la communauté religieuse a littéralement rayonné, au Moyen-âge, dans tout l’espace lotharingien. L’église passe pour être la plus ancienne de France parce qu’elle s’est implantée dans un bâtiment qui semble avoir appartenu à un complexe sportif antique. Remanié à l’époque ottonienne, l’édifice affiche encore, sur son pignon, des alignements de briques et de petits moellons caractéristiques de l’architecture gallo-romaine.
Englobée, au XVIème siècle, dans la citadelle que firent construire les rois de France, l’église, désaffectée, est transformée en entrepôt militaire en 1556. Classée Monument Historique en 1909, Saint-Pierre-aux-Nonnains abritait, à l’origine, le fameux chancel, cet enclos liturgique situé dans le chœur et qui séparait les clercs des fidèles. Orné de sculptures naïves, représentant des motifs géométriques, des entrelacs ou encore le fameux arbre de vie, ce chancel est un des rares témoignages de sculpture mérovingienne qui soit parvenu jusqu’à nous. Il est aujourd’hui visible au Musée de la Cour d’Or, à Metz. Une merveille d’art et de liturgie et qui nous renvoie, un peu, à l’époque de Brunehaut, la Reine d’Austrasie qui mourut attachée à la croupe d’un cheval sauvage. Elle qui avait épousé, à Metz, en 566, le noble Sigebert, petit-fils de Clovis, le Roi des Francs, celui de la victoire de Tolbiac et du vase de Soissons.
L’église Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz est remarquable à plus d’un titre. Il s’agit déjà de la plus ancienne église de France. Datant du IVème siècle après Jésus-Christ, elle a d’abord été une palestre, c’est-à-dire un gymnase gallo-romain. Mais ce qui la rend aussi exceptionnelle, c’est son chancel. C’est le plus important conservé en France. Dans les toutes premières églises, c’était le muret qui séparait les officiants des fidèles. Taillé en pierre et d’une hauteur de 1,10 mètre, le chancel de Saint-Pierre-aux-Nonnains est composé de douze plaques et de 21 piliers en calcaire blanc. C’est un véritable concentré de toutes les influences artistiques et culturelles des VIIème et VIIIème siècles. Metz commençait alors à rayonner sur l’Europe. On y trouve ainsi des croisillons et des damiers romains, des entrelacs à tête de serpents celtes, des croix grecques d’inspiration byzantine, une porte du ciel syrienne et un arbre de vie copte égyptien. Si seules quelques copies sont aujourd’hui visibles à Saint-Pierre-aux-Nonnains, l’ensemble des 33 panneaux est conservé au Musée de la Cour de Metz. Le chancel a en effet été détruit au Xème siècle pour être utilisé comme matériau de construction. Tous les panneaux ont pu être sauvegardés car ils ont été retournés sur leur face intérieure pour monter les piliers destinés à la construction de la nef romane de l’Empereur Otton Ier (912-973).
Ravie d’en apprendre plus sur cette « vieille église «
pourquoi enfin à peu près.
La nuance acceptable c’est que la plus vieille église de France était de toute manière à Metz….dans les ruines de l’amphithéâtre Romain.