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Arrêt définitif de la cokerie de Serémange-Erzange

La cokerie de Serémange-Erzange (Crédits photo : Borvan 53)

ArcelorMittal procède actuellement aux opérations qui doivent mener à l’arrêt définitif de sa cokerie de Serémange-Erzange. L’extinction des 64 fours à charbon a ainsi été symboliquement effectuée. Les flammes des torchères du site industriel n’illuminent déjà plus les nuits dans la Vallée de la Fensch. Les ouvriers en ont gros sur le cœur. Une nouvelle page de la fin de la sidérurgie en Lorraine est en train de se tourner dans le contexte du coronavirus et dans l’indifférence quasi générale.

L’arrêt définitif de la cokerie de Serémange-Erzange avait été annoncée le 6 avril par ArcelorMittal au cours d’un Comité Economique et Social central à Paris. Une décision qui était apparue comme brutale en plein confinement. Le site était cela dit condamné. ArcelorMittal entendait en effet réduire ses émissions de CO2 de 30 % en Europe d’ici 2030. Depuis l’arrêt des hauts-fourneaux de Hayange et la fermeture de la filière chaude en Lorraine, la cokerie de Serémange-Erzange n’alimentait en coke plus que le complexe sidérurgique de Dunkerque. Les investissements déjà engagés dans le Nord de la France devrait faire diminuer le besoin en coke du site qui pourrait atteindre l’autosuffisance dès 2022. C’est la raison pour laquelle la fermeture de la cokerie de Serémange-Erzange, initialement prévue en 2032, avait par la suite été envisagée dix ans plus tôt. La crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus est entre-temps passée par là et a précipité les choses. Elle a profondément affecté l’environnement économique et commercial d’ArcelorMittal, en particulier sur les marchés de l’automobile, de l’industrie et de la construction, où la demande s’est brusquement contractée. A tel point que la situation conjoncturelle de la sidérurgie européenne a contraint le groupe à arrêter temporairement plusieurs de ses hauts-fourneaux entraînant une surcapacité de production de coke et une fermeture définitive de la cokerie de Serémange-Erzange cet été.

Classé Seveso 2, le site lorrain était par ailleurs une source d’inquiétudes pour les riverains.  Ceux-ci dénonçaient régulièrement ses émissions de particules toxiques dans l’air malgré les investissements conséquents réalisés par ArcelorMittal pour mettre ses installations aux normes.

Signature visuelle non esthétique et olfactive de la vallée industrielle de la Fensch, la cokerie de Serémange-Erzange a donc éteint à contre-cœur ses fours à charbon. Comme s’était tout aussi éteint avant elle la cokerie de Carling en 2009. Son arrêt, cet énième gâchis comme le crient les syndicats, vient refermer le chapitre final de la production d’acier en Lorraine. Après l’arrêt définitif des hauts-fourneaux, c’est un énième pan du patrimoine sidérurgique lorrain qui s’apprête à disparaître. Et tout un monde qui s’éteint. Celui de la cokerie et des cokiers. Celui d’un travail difficile dans un environnement dur et sale. Celui aussi où l’on se serrait les coudes dans les fumées.

A noter enfin que les 170 salariés de la cokerie de Serémange-Erzange devraient être reclassés sur le site de Florange.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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3 Commentaires

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  1. Un repère est tombé pour les habitants. La cheminée de 140 mètres de haut de la centrale thermique à charbon de La Maxe a été dynamitée dans le cadre des opérations de déconstruction de la centrale entreprises depuis 2016 par EDF. Il s’agissait de l’édifice le plus haut du Pays Messin. Ouverte depuis 1971, la centrale thermique de La Maxe avait été définitivement arrêté en 2015, malgré les presque 80 000 milliards de watts produits. Une centaine de personnes y travaillait encore cette année-là. Les coûts des travaux pour réduire ses émissions avaient en effet été jugés trop importants. Le foudroyage de la cheminée de la centrale va transformer le paysage de La Maxe. A noter que les opérations de déconstruction doivent se poursuivre jusqu’en 2034 avec le démantèlement complet de la centrale et la réhabilitation du terrain de 330 hectares, afin de rendre le site propice à un nouvel usage industriel.

  2. – La photo d’illustration n’est pas celle de la cokerie, mais de l’aciérie. Ce sont deux installations totalement différentes.
    – En boulangerie, on parle de four à pain, autrement dit le four pour faire du pain. Donc dans cet article, le bon terme à employer est « fours à coke », effectivement remplis de charbons mélangés.
    – Les riverains ont été depuis 1950, dérangés par la pollution aérienne (poussière, fumées, gaz) mais ces dernières années, ce sont les pollutions liquides qui se retrouvaient dans le Fensch.
    – Dommage que vous n’ayez pas évoqué l »hérésie du transport. En effet, le charbon venait en train depuis Dunkerque et ces mêmes wagons repartaient chargés de coke. Une chance que ce n’était pas des camions mais des trains électriques qui faisaient la navette.
    – Classée Seveso, cette installation dangereuse était ces dernières années cernées par des habitations très, trop proches, il aurait été justifié de limiter la proximité de ces constructions.
    – Un dernier point, pour y avoir travaillé, en 3 x 8 d’abord et ensuite en horaires de jour (de 1968 à 1988), j’ai eu la douleur de voir disparaître entre 5 et 10 collègues dans d’atroces conditions que je ne puis détailler ici.
    On peut déplorer la perte d’emplois mais en contrepartie, se réjouir de voir la fin d’une installation polluante et dangereuse, qui maintenant, n’aurait plus l’autorisation de s’installer à cet endroit, il n’y a qu’à voir Knauf à Illange, qui, étonnamment fonctionne au coke.

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