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Ornicard met du Platt dans son rap

Le rappeur lorrain Ornicard a composé plusieurs titres de son dernier album en Platt (Crédits photo : Miriam Fleischmann)

Ornicard rend hommage au Platt lorrain qui lui est cher dans son dernier court album intitulé Hin, qui signifie « aller ». A 38 ans, le natif d’Etting, dans le Bitscherland, fait une nouvelle déclaration d’amour à la Lorraine et à sa Moselle. Une ode qui se veut une véritable invitation à découvrir notre histoire, notre culture et notre langue. En toute simplicité, il nous emmène faire un petit tour en musique chez nous.

BLE Lorraine : D’où vous est venue l’idée de réaliser un album qui valorise et rend hommage au Platt lorrain ?

Ornicard : « L’idée m’est venue au tout début grâce à un post de la page Facebook du Bitscherland, malheureusement le ou les modérateurs ne sont plus actifs. La publication parlait des expressions et des mots typiques que nous utilisons dans le Pays de Bitche concernant le jardin et la maison. Beaucoup d´entre eux étaient en Platt. J´ai donc repris une grande partie des mots listés, mais aussi les miens pour en faire une première chanson qui s´appelle In ma Hus. Après avoir publié et partagé cette chanson, j’ai été contacté par Hervé Atamaniuk, Directeur du service Culture de la Ville de Sarreguemines. Lors de notre échange téléphonique, nous avons beaucoup parlé du festival « Mir Redde Platt », ce qui m’a motivé à faire une seconde chanson, plus cette fois sur le thème du jardin, qui s’intitule Cours de dialecte. En avril dernier, j’ai été recontacté par la Ville de Sarreguemines pour participer à l’émission en Platt Kaffekrenzel, au cours de laquelle j’ai interprété l’une de mes toutes dernières chansons, Chez nous. Le clip de Cours de dialecte y a également été diffusé. J’adore aussi faire mes clips moi-même. A la suite de cette interprétation, j’ai eu envie de faire un projet qui mette en avant le Platt avec de nouvelles chansons. C’est comme cela qu’est née Hin. La chanson LMAA m’a quant à elle été inspirée par Kansas of Elsass, groupe auquel je rends d’ailleurs hommage. J’ai trouvé cela bien marrant et rafraîchissant, tout comme leur Rambo et leurs autres vidéos en alsacien. Entre Alsaciens et Lorrains on se comprend bien, malgré la différence de prononciation du Platt ».

BLE Lorraine : Où avez-vous appris le Platt ? Que représente-t-il pour vous ? Est-ce important de le parler ?

Ornicard : « Le Platt est tout simplement ma langue maternelle. Bébé et petit enfant, mes parents et mes grands-parents ne parlaient pas français avec moi. Je n’ai commencé qu’à parler le français à mon entrée en maternelle. Le Platt représente ainsi pour moi ce passage joyeux de ma vie avec mes grands-parents, donc aussi mes racines. Il fait partie pour moi d’un patrimoine culturel très riche qui m’a facilité l’apprentissage de l’allemand. Aujourd’hui, grâce à mon Platt, je vie et travaille en Allemagne. Le reparler c’est donc un plaisir, mais parfois mon Allemand prend le dessus, à tel point les deux langues sont proches. Le parler c’est aussi le préserver, donc c’est important. Je trouve ça super que des pièces de théâtre soient encore jouées en Platt et aussi que TV Mosaik-Cristal ait toujours mis notre Platt en avant. La Ville de Sarreguemines fait aussi beaucoup pour le Platt. C’est très bien, il faut continuer ces efforts. »

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Ornicard reste très attaché à son Bitscherland natal (Crédits photo : Miriam Fleischmann)

BLE Lorraine : Du Platt dans du rap, est-ce aussi une manière de sensibiliser les jeunes générations à la préservation de notre langue régionale ?

Ornicard : « C’est exactement cela. Le rap est l’une des musiques les plus populaires chez nos jeunes. Donc mélanger les deux, cela peut forcément un peu leur parler. Dans le clip de In ma Hus, par exemple, je montre à chaque fois ce que veut dire tel mot. Cela revient en quelque sorte aussi à une façon d’apprendre le Platt pour ceux qui ne le parlent pas du tout. En plus, souvent la sonorité des mots est marrante. Si nous ne parlons plus Platt à nos enfants, forcément cela va se perdre et c’est dommage. C’est à nous qui l’avons appris de prendre nos responsabilités. »

BLE Lorraine : Etait-ce difficile ou au contraire naturel de composer en Platt ? Ses sonorités s’harmonisent-elles bien avec le rap ? L’avenir du Platt peut-il aussi s’écrire par la musique ?

Ornicard : « Ce n’était pas trop difficile pour moi, puisque vivant en Allemagne, je ne parle quasiment plus que l’allemand. J’ai toujours beaucoup écouté depuis l’adolescence du rap allemand. Si le rap allemand sonne bien, forcément ça va le faire aussi avec le Platt. J’adore le Deutsch Rap. Cela m’a aussi fait plaisir parce qu’avec cet exercice j’ai pu replonger dans mon enfance, en me souvenant d’expressions et d’une façon de parler très marrante par rapport au français. Cela m’est venu du coup plus naturellement que ce que je croyais au début. Oui, la musique est en effet une superbe façon de continuer à parler le Platt dans le sens où les chansons peuvent être reprises par nos enfants et pourquoi pas par nos enseignants aussi. »

BLE Lorraine : Ce n’est pas la première que vous montrez votre attachement à la Lorraine, à la Moselle et au Bitscherland. Est-ce aussi une marque de fabrique chez vous et une certaine quête d’identité ou de reconnaissance pour vous et ce territoire méconnu et souvent mal considéré ?

Ornicard : « Effectivement, ne vivant plus en France, ma Lorraine et ma Moselle me manquent beaucoup. J’y retourne dès que je peux car mes parents y vivent encore. Avec mes textes et mes chansons je m’y replonge, le mal du pays est ainsi plus supportable. C’est pour moi une grande fierté d’avoir grandi là-bas. Notre territoire, son histoire, notre identité, dont le Platt fait partie, sont une grande richesse. Et surtout nos Vosges du Nord sont magnifiques. La frontière, les châteaux, nos forêts, la Citadelle de Bitche, la Ligne Maginot, nos étangs, nos campagnes, il y a tant de choses qui font qu’il fait bon y vivre. Et cette richesse et cette beauté-là, j’aime les mettre en mots et en musique. C’est en quelque sorte une marque de fabrique aussi. Venez chez nous, rendez-nous visite dans les quatre coins de la Lorraine. Ma musique a donc aussi une ambition touristique. »

Pour information :

Le nouvel album d’Ornicard, Hin, est disponible ici.

Il est sorti sur toutes les plateformes le 22 juillet dernier.

Rédigé par Rédaction BLE Lorraine

La Rédaction du Groupe BLE Lorraine, premier média et think tank indépendant de Lorraine.

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