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Le menhir de la Dame Schone près de Saint-Mihiel

Le menhir de la Dame Schone dans les environs de Saint-Mihiel (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Situé à 380 mètres d’altitude sur la Côte Blussue, ce mégalithe, issu d’un gros bloc argovien coralligène prélevé sur place, se trouvait autrefois en pleine forêt. Il est aujourd’hui à la limite du « Bois de la Haute-Borne » et d’un champ dit « Plaine de Rays ». Orienté d’Est en Ouest, il est d’une hauteur de 2,35 mètres et d’une largeur de base de 1,50 mètre.

Considéré aux siècles passés comme monument druidique, on sait aujourd’hui que dolmen et menhir sont issus du travail des Hommes du Néolithique qui connaissaient les points d’énergie terrestre, et ont servi également à l’Age du Bronze. Il n’est toutefois pas exclu que les druides ont pu réutiliser ces sites. Leur religion proche de la nature était certainement peu différente de celles des peuples de la pierre et du bronze avec qui, pour ces derniers, les celtes se sont mélangés.

Le mégalithe de la Dame Schone était autrefois accompagné de bien d’autres menhirs. Mais ces derniers furent détruits à la fin du XIXème siècle et convertis en moellon ou auraient servi pour les routes. Un certain F. Liénard signal au sommet de la Côte Blussue « une longue muraille construite à main d’homme, au moyen d’énormes pierres brutes. Cette muraille protège un plateau de 500 mètres carrés ». « Elle fait cinquante mètres de long et, sur certains points, encore deux mètres de hauteur ».

Mais revenons à notre menhir dont l’origine du nom germanique, « Dame Schone » ou plus simplement « Schoene », qui se traduit par « Belle Dame », est inconnue. A priori très ancien, est-il à rapprocher du fait que les Duchés de Lorraine et de Bar furent des Etats appartenant au Saint-Empire Romain Germanique ? L’Allemand fut donc une langue naturellement utilisée dans ces pays.

Dame Schone
Inscriptions allemandes sur le menhir de la Dame Schone (Crédits photo : Jean-Michaël CHOSEROT pour le Groupe BLE Lorraine)

Le terme de « belle dame » est à rapprocher aux croyances des fées, nous rapporte un habitant du pays et bénévole à l’association de balisage des sentiers de randonnés, « La Grolle Sammielloise ». Les fées sont en effet très communes en Lorraine et faisaient suite aux « Fata », des déesses secondaires celtiques. Rien d’étonnant donc de les retrouver reliées à un mégalithe. Au siècle dernier, les habitants du pays lui donnaient le nom de « Haute-Borne » car le mégalithe se situe en effet sur les limites communales de Saint-Mihiel et de la Savonnières en Woëvre.

Des soldats allemands gravèrent des inscriptions et des croix de fer durant la Grande Guerre. On peut ainsi lire sur le menhir : « Mit Gott für Vaterland 1914-1915 » souligné de deux palmes.

Source : Charles CROIX, Bulletin de la Société Préhistorique Française, Le menhir de la Dame Schone, 1948, p. 179 à 182.

Rédigé par Jean-Michaël CHOSEROT

Educateur à l’environnement du Pays de Lorraine, Président de l'association naturaliste et historienne Berian, membre de la Société Philomatique Vosgienne et guide du Camp celtique de la Bure pour le Groupe BLE Lorraine.

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2 Commentaires

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  1. Nous étions dans le domaine des Leuques ….
    Ces derniers pratiquaient le matriarcat et la religion était professée par des druidesses !
    La Belle Dame en a peut être été une ! ! !
    Dans les Vosges il y a quantité de roches des fées, de ponts des fées etc… et chacun de ces lieux leur était consacré .mais les mines qui sont venus plus tard les ont désignées comme fées. Cela n’avait plus de lien avec une religion ………..

    • Je ne sais pas d’où vous détenez cette affirmation, mais la société matriarcale chez les celtes n’a jamais été qu’une hypothèse émise par quelques auteurs et largement contredite. Les celtes est donc les leuques mais aussi leur voisin germain pratiquait une société d’égalité des sexes. Les nécropoles notamment retrouvées en Lorraine le prouvent, puisqu’elles représentent des couples dont le personnage de droite était généralement le plus important et où l’on y retrouve des femmes comme des hommes, bien que ces derniers restent tout de même majoritaires. On sait également qu’il y eu aussi bien des hommes que des femmes à la tête de plusieurs grands oppidums dont la « Cité d’Afrique » à Ludre (Lorraine ; Meurthe-et-Moselle). De plus les textes font souvent mention d’une guerre politique menée par les romains contre le pouvoir des druides et non des druidesses. Ces dernières ont souvent été utilisée pour expliquer la présence de nombreux toponymes concernant les fées en France. Bien qu’une partie de mystère demeure toujours l’explication actuelle est plus prosaïquement liée aux croyances des déesses mères puisqu’on y retrouve notamment les cultes de la fécondité et de la guérison qui sont caractéristiques de ces déesses secondaires.

      Jean-Michaël Choserot
      Président de Berian – Association Naturaliste et Historienne
      Membre de la Société Philomatique Vosgienne et guide du Camp celtique de La Bure

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