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De l’exil des protestants de Metz

Un épisode des dragonnades, par Jules Girardet (1886)

Le 18 octobre 1685, Louis XIV révoque l’Edit de Nantes. Le protestantisme est interdit. Française depuis environ un siècle, la ville de Metz subit de plein fouet cette mesure prise à Versailles qui concerne un habitant sur cinq de la cité.

« Un roi, une foi, une loi. Au XVIIème siècle, l’adage est on ne peut plus simple. Cela fait plusieurs années que des mesures sont prises contre les protestants. A Metz, le temple a été rasé. Le terrain a été donné aux Jésuites en 1642. Ils font bâtir l’église Notre-Dame qui fut par la suite au cœur de la lutte contre le protestantisme dans la ville.

dragon exil protestants
Le « dragon missionnaire » : « qui peut me résister est bien fort »

Le calvinisme a connu son essor au siècle précédent à Metz. En 1550, la moitié de la ville est protestante. En 1685, on ne dénombre plus que 4 300 protestants, soit un habitant sur cinq. Entre les deux dates, des épidémies de peste ont ravagé les familles messines. Les réformés sont surtout présents dans quatre corps de métiers précis : les artisans, notamment les orfèvres, les commerçants, les juristes et les médecins. En dehors de la cité, comme à Longeville-lès-Metz, Montoy, Plappeville, Burtoncourt ou encore Courcelles, il y a également des communautés protestantes de paysans. Les protestants sont faciles à reconnaître. Leur tenue est plus sobre et leurs prénoms sont souvent choisis dans l’Ancien testament, à l’image de Moïse, Isaïe, Abraham ou Israël.

Le 22 octobre 1685, les pasteurs sont chassés de Metz. En août 1686, Louis XIV envoie ses Dragons. Les soldats logent chez les Huguenots. Ils ont droit de tout y faire, vol, viol, violence, jusqu’à ce que les familles se convertissent. L’idée n’est pas de tuer, mais s’il y a des morts, personne ne s’en offusque. La réputation des dragonnades est telle que bien des familles se convertissent dès leur arrivée. En général, les juristes, les médecins, les paysans et tous ceux qui ont des charges ou des terres sont devenus de « bons catholiques ». Les artisans et les commerçants ont quant à eux opté pour l’exil. Celui-ci est pourtant interdit car le Roi de France veut garder ses sujets. Les fuyards capturés sont envoyés aux galères, leurs femmes sont enfermées dans des couvents et leurs enfants sont confiés à des familles. D’autres choisissent enfin la conversion de façade. Sous surveillance. Mais s’ils refusent l’extrême-onction au moment de mourir, leur héritage est confisqué. Peu résistent. Il y eut cependant des assemblées clandestines à Courcelles.

dragonnades
Dragonnade, illustration de Maurice Leloir (1931)

Entre 1686 et 1688, 3 000 protestants s’enfuirent de Metz. La moitié d’entre eux s’installa en Allemagne, essentiellement dans le Brandebourg et à Berlin. D’autres rejoignirent les Provinces-Unies, l’Angleterre ou encore l’Afrique du Sud. Le départ des protestants fut extrêmement défavorable à l’économie messine. Il a fallu attendre deux cents ans et la Première Annexion pour voir renaître une communauté protestante à Metz.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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2 Commentaires

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  1. Parmi les exilés, il y eut la famille De Maizieres dont un descendant fut le dernier 1er ministre de RDA. La famille Maizière, originaire de Maizières-lès-Metz, a fui la France après la révocation de l’édit de Nantes par laquelle, le 17 octobre 1685, Louis XIV interdit l’exercice du culte protestant. Thomas de Maizière est le cousin de Lothar de Maizière, dernier ministre-président de la République démocratique allemande (ancienne RDA) et seul démocratiquement élu. Certains mosellans sont des cousins généalogiques de cette famille.

  2. En 1886, Metz comptait plus de 8 000 protestants suite à l’Annexion à l’Allemagne. Face au développement de cette communauté dans la ville et ses environs, de nombreux temples ont été érigés comme celui de garnison (1881), l’église de la Rue Mazelle (1893), celui de Montigny-Sablon (1894), de Courcelles (1895), de Queuleu (1904), de Longeville-lès-Metz (1908) et d’Ars-sur-Moselle (1912).

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