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Violences urbaines et coup de chaud sur la caserne Miribel à Verdun

Portail et pavillon d'entrée de la caserne Miribel à Verdun (Crédits photo : Google Street View)

Différents sujets agitent depuis quelques semaines l’actualité de Verdun, en Meuse.

Le premier concerne les violences urbaines qui se sont produites dans la nuit du 19 au 20 mars au cours desquelles trois voitures et les locaux de la Mission Locale de Verdun ont été incendiés dans le quartier des Planchettes par une dizaine de jeunes encagoulés qui guettaient ensuite l’arrivée de la police et des pompiers avec des cocktails Molotov. Ces violences, qui visaient avant tout l’Etat français, s’apparentent à des représailles après l’opération menée dans le quartier pour démanteler des squats et mettre fin au trafic de stupéfiants et à l’économie souterraine qui prospéraient dans les caves de l’Office Public de l’Habitat. Trop peu nombreux, les policiers ont dû attendre des renforts pour intervenir. A la suite de cette flambée, Paris a consenti à accorder sept policiers supplémentaires à la cité de la Paix.

Le second sujet, tout aussi brûlant, porte sur la caserne Miribel. Au cœur de Verdun, ces bâtiments militaires non classés, construits en 1893, doivent être rasés pour faire place à un projet immobilier privé soutenu par la municipalité mêlant une résidence pour séniors de 120 places, une maison médicale, une crèche de 80 places et quelques 300 logements, le tout aménagé sur dix ans. Il faut dire que Verdun voit émerger pas mal de projets immobiliers et de lotissements depuis quelques années, à l’image de la Pointe Meuse, déjà réalisée, ou encore de la réhabilitation du bâtiment de la Banque de France en appartements et en bureaux. Le quartier des Planchettes, encore lui, fait également l’objet de plusieurs projets. Mais ce qui est différent à la caserne Miribel, dernière friche militaire de la ville en attente d’une nouvelle destinée, c’est qu’il s’agit d’un patrimoine historique représentatif des casernements de la fin du XIXème siècle, d’un bel ensemble architectural en pierre de taille qui arbore un superbe système de chéneaux et une horloge centrale encore intacte. Constitué de trois bâtiments principaux plutôt bien conservés, sur quatre niveaux, dont un mansardé, l’ensemble se trouve au cœur d’un parc de cinq hectares au milieu duquel trône une belle place d’armes typique d’une ancienne ville de garnison. Occupé par le troisième Régiment d’Artillerie de Marine jusqu’en 1995, le site est ensuite passé dans le giron municipal avant d’être laissé à l’abandon. Il a depuis été vendu un euro symbolique au bailleur social champenois Le Foyer Rémois qui a prévu d’y investir 25 millions d’euros. Jugés trop coûteux à réhabiliter, les trois bâtiments de la caserne Miribel seront rasés, alors qu’ils ont eux-aussi contribué à faire de Verdun la ville de Lorraine la plus connue au monde. Seuls les pavillons d’entrée et le muret surmonté de sa grille seront préservés, tout comme l’horloge du corps principal et quelques éléments de façades. Ironie du sort, la caserne Miribel fut l’un des rares endroits de la ville à avoir subsistés aux déluges de bombes de la Première Guerre mondiale. De quoi encore davantage faire injure aux centaines de milliers de morts du monde entier de la Bataille de Verdun. D’autant plus que c’est la municipalité qui doit se charger de déconstruire, de fouiller et de dépolluer le site, moyennant une facture de 884 000 euros, pour rendre le terrain nu au Foyer Rémois.

Une association de défense a été créée par des habitats et des amoureux du patrimoine, afin de tenter de sauver la caserne Miribel de Verdun. Plusieurs pétitions appellent en parallèle à la mobilisation. Le développement d’une ville ne doit pas se faire au détriment de son passé et de sa mémoire. S’il convient de ne pas compromettre l’avenir de la cité, la raison et la mesure obligent à devoir au moins conserver le bâtiment principal de la caserne Miribel. Car dans quelques temps ce sera au tour de la citadelle haute de se voir pérenniser ou non. Pour Verdun, ses habitants et ses combattants.

Retrouvez d’autres monuments du patrimoine lorrain en danger sur BLE Fondation.

Rédigé par Rédaction BLE Lorraine

La Rédaction du Groupe BLE Lorraine, premier média et think tank indépendant de Lorraine.

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2 Commentaires

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  1. La caserne Ardent du Picq de Saint-Avold est en cours de démolition après avoir été laissée à l’abandon par la mairie et saccagée. On y construit des trucs moches en béton.
    Quand donc les élus auront-ils moins de pouvoir de destruction.
    Ils me font rire lorsqu’ils vous sortent “il y a de l’amiante”. Mais brave, gens, avant de démolir, il faut quand même enlever l’amiante.
    Comment se fait-il que l’on ne soit pas au courant de ce qui se passe ailleurs en Lorraine ? A Nancy aussi, les mines ont détruit les casernes et construit un truc moche. Mais, on sait les dégâts causés par ce corps qui n’a rien de glorieux.
    Juste un petit mot aux info de france 3.
    Les petits élus cassent aussi et dépensent allègrement notre argent.
    Quand on connait la durée de vie du béton et son impact écologique, c’est un scandale. La pollution d’une démolition reconstruction est pharamineuse en regard d’une réhabilitation.
    Et on ne parle même pas du travail réalisé par nos ancêtres. Respect, ils ont fait en grande partie avec leurs mains.
    A quand une protection de tous les batîments anciens, construit en autre chose que du béton ?

  2. C’est d’autant plus scandaleux que le maire actuel de Verdun (ex professeur d’histoire) s’est souvent vanté d’être très attaché à cette ville et à son patrimoine historique. Sans compter que 80 % des Verdunois sont opposés à cette décision, prise au grand dam de l’opposition et sans examen des différents projets destinés à réhabiliter les bâtiments actuels, y compris celui de l’ancien maire Arsène Lux.
    Ce sont en outre les Verdunois qui vont devoir payer la facture des frais de démolition, fouilles et dépollution de l’ensemble architectural et du site, laquelle est estimée au bas mot à 1 million d’euros.

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