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Le château de Gombervaux en Lorraine

Le château de Gombervaux, fleuron du patrimoine médiéval en Meuse (Crédits photo : Joseph ADAMO pour le Groupe BLE Lorraine)

C’est un château tout en pierre blanche. Une demeure d’exception, bien cachée au fond d’un étroit vallon situé à un jet de pierre de la route qui va de Vaucouleurs à Commercy. Gombervaux … C’est à la fois la ferme et la maison forte. Un lieu hors du temps, qui pourrait faire songer à la tour abolie dont parlait Nerval.

Le château de Gombervaux, on l’aura compris, est un site historique pétri de romantisme. Erigé entre 1338 et 1357, ce château se présente sous la forme d’un simple quadrilatère, entouré de larges douves et flanqué de quatre tours d’angle de section circulaire. Sur l’un des murs, vers le Sud, on a érigé une tour carrée, haute d’un peu plus de vingt mètres et sur la façade de laquelle on peut encore admirer les blasons des différents propriétaires des lieux. La tour carrée, souvent qualifiée de donjon, ainsi que la courtine qui la jouxte de part et d’autre, est le seul élément du château qui ait été convenablement conservé. Classé au titre des Monuments Historiques en 1994, cet imposant vestige est désormais géré par une association dynamique et qui s’applique, chaque été, à réhabiliter les lieux en y organisant des stages pour apprentis forgerons, vitraillistes, charpentiers et tailleurs de pierre.

château de Gombervaux
Le château de Gombervaux (Crédits photo : Joseph ADAMO pour le Groupe BLE Lorraine)

Mais Gombervaux, c’est aussi le lieu où se serait tenu, en l’an 1367, un banquet mémorable. Cette année-là en effet, le Roi Charles V et le Duc de Lorraine Jean Ier signent le Traité de Vaucouleurs qui garantit les frontières orientales du Royaume de France. Pour fêter l’événement, on organise alors, à Gombervaux, un festin somptueux auquel auraient participé le chevalier breton Olivier de Clisson, le Duc Robert de Bar et son épouse, la belle Marie de Valois, qui n’était autre que la fille du défunt Roi Jean le Bon, et, bien-sûr, le Duc de Lorraine et le Roi de France en personne !

château de Gombervaux
Vue sur les douves du château de Gombervaux (Crédits photo : Joseph ADAMO pour le Groupe BLE Lorraine)

On prétend que c’est le fameux Guillaume Tirel, plus connu sous le surnom de Taillevent, qui aurait fait préparer l’ensemble du menu. Un menu qui, hélas, ne nous est pas connu. A-t-on servi, dans la grande salle du logis, devant la vaste cheminée où devait flamber quelques bons quartiers de chêne, des poulardes, des saucisses, des fèves et des pâtés de cerf, des porcelets et des cygnes blancs bien poivrés, en somme, de quoi faire ripaille jusque tard dans la nuit ? Cela est impossible à dire. Mais on peut, malgré tout, se faire une idée assez précise des plats que l’on mangeait à cette époque en consultant le Viandier, livre de recettes précisément attribué à Taillevent et qui a rencontré, dès le Moyen-âge, un important succès. Un livre pour le moins succulent et qui nous donnerait presque l’eau à la bouche !

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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3 Commentaires

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  1. Sur le plan architectural, Gombervaux est un quadrilatère flanqué de quatre tours d’angle circulaires et entouré de larges douves alimentées par une source toute proche. La façade Sud-Ouest, la seule dont on peut encore admirer l’élévation, est dominée par une tour-porche de section quadrangulaire et terminée par un imposant crénelage. Le mur extérieur de cette tour a de quoi intéresser l’historien, dans la mesure où il est orné de trois blasons, à savoir ceux des Myon, des Salles, ainsi que la croix engrelée que portait Geoffroy de Nancy, lequel était seigneur des lieux au milieu du XIVème siècle. Le porche qui se trouve au rez-de-chaussée de cette tour indique que c’est ici que l’on entrait, jadis, dans le château. Et pourtant, on ne trouve aucune trace d’un pont-levis. Faut-il en conclure que l’accès se faisait par un pont dormant, en bois, voire par un bac ? Seules des fouilles archéologiques pourraient apporter des réponses à ces questions. Car les documents anciens, pour intéressants qu’ils soient, ne nous donnent aucune indication sur la manière dont on accédait, autrefois, au château de Gombervaux. Pour autant, ils livrent d’autres informations pertinentes. Un tableau, aujourd’hui conservé au Musée Lorrain, à Nancy, nous montre qu’à cette époque, les tours d’angle de Gombervaux étaient coiffées de poivrières. La tour-porche était quant à elle coiffée d’un toit en pavillon. À l’intérieur du quadrilatère que forment les courtines, l’amateur de vieilles pierres aura le plaisir de découvrir une cheminée monumentale, plusieurs fenêtres à coussièges, ainsi que des ouvertures à usage défensif. A proximité immédiate de ces ruines, la ferme de Gombervaux semble avoir formé la basse-cour du château. C’est un ensemble de bâtiments formant une cour trapézoïdale, à laquelle on accède par un remarquable portail à bossages vermiculés.

    Derrière ces pierres, il y a l’histoire. Celle de Gombervaux nous est assez bien connue. On sait en effet que c’est en 1260 que le lieu est mentionné pour la première fois à la faveur d’une charte par laquelle Geoffroy de Joinville, seigneur de Vaucouleurs, fonde une chapellenie à Gombervaux. Une première construction est attestée en 1338, date à laquelle le Roi de France Philippe VI donne à son conseiller d’importantes terres situées autour de sa « maison » de Gombervaux. Une maison qui devait être encore assez sommaire puisque c’est précisément ce Geoffroy de Nancy qui va s’appliquer à faire ériger, dans le deuxième quart du XIVème siècle, le château actuel. C’est dans le château, alors flambant neuf, que s’est tenu, en 1365, le fameux banquet de Gombervaux. A l’occasion d’une alliance contractée entre le Duc de Lorraine et le Roi de France Charles V, lequel était accompagné d’Olivier de Clisson et du célèbre connétable Bertrand du Guesclin, Guillaume Tirel, dit Taillevent a en effet servi, à Gombervaux, un somptueux repas. En 1477, à la mort de Jean III, dernier descendant de Geoffroy de Nancy, le château de Gombervaux passa aux Vernancourt (1477-1490), Salles (1490-1594), Myon (1594-1685), Breuil de la Brossardière (1685-1766), Mailliart (1766-1843) et enfin Plauche-Gillon.

    Classé au titre des Monuments Historiques depuis 1994, le château de Gombervaux a fait l’objet d’une importante campagne de restauration. Cette dernière, essentiellement menée par les membres de l’association Rempart, s’est notamment appliquée à restituer la herse et quelques escaliers du château. Les fenêtres à coussièges ont quant à elles été agrémentés de vitraux réalisés par Ghislain Gœuriot et figurant les blasons des familles qui ont été propriétaires de Gombervaux. Chaque année, des chantiers permettent à tout un chacun de s’investir dans la rénovation et la mise en valeur du site.

  2. Toujours aussi instructif beaucoup de détails et, une ambiance qui nous transporte dans un autre temps…je pourrai préciser même une envie de faire ripaille à la fin de la lecture

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