Un ours ! Et quel ours ! Sculpté dans un bloc de bois, celui-ci trône fièrement au centre du village de Baerenthal, juste à côté de la mairie et à deux pas d’une célèbre boucherie.

Pourquoi une pareille sculpture ? Tout simplement parce que l’ours est l’emblème du village. Un village dont le toponyme signifie justement « vallée des ours » puisque « die Bären » en allemand, ce sont les ours. Ours brun, que l’on trouvait jadis dans les sombres forêts des Vosges et qui existaient encore dans nos montagnes il y a un peu plus de deux siècles et demi. Des documents anciens affirment en effet que le dernier ours des Vosges aurait été abattu par le Prince de Lichtenberg en 1750. A Gérardmer, le dernier ours aurait été tué en 1710. Mais d’autres documents mentionnent encore des ours dans les Hautes Vosges à la veille de la révolution française. Animal quasi divin dans la mythologie celtique, le Roi Arthur porte ainsi un prénom qui le rattache à l’ours, l’ours va peu à peu être diabolisé. L’Eglise va en effet le stigmatiser en pointant du doigt son côté pataud et sa libido légendaire. L’ours deviendra finalement le compagnon du marginal, du bohémien et du tzigane qui va de ville en ville en montrant l’animal au bout d’une corde. Une tradition, encore vivace dans le Bitscherland, affirme d’ailleurs que les ours de Baerenthal auraient été importés ici par des Bohémiens venus d’Alsace.
Un ours donc, que l’on retrouve jusque sur le blason de la commune et qui vient nous rappeler qu’au Bitscherland, nature rime avec culture. Ne trouve-t-on pas en effet, non loin de là, le village de Meisenthal, dont le nom veut dire « vallée des mésanges » ?

