La requalification de la Manufacture des tabacs de Metz a pris treize ans. L’ancien site industriel, d’une superficie de 25 000 mètres carrés, accueille désormais des milliers d’habitants et des services. Tout un quartier a ainsi été dessiné.

Erigés pour la plupart entre 1868 et 1870, les bâtiments de la Manufacture des tabacs de Metz ont majoritairement été conservés. Plus ancienne usine de la ville, dont la production a véritablement commencé en 1919, elle a été créée par le polytechnicien Auguste Rolland et a fait travailler des milliers de salariés, parfois de père en fils. Pendant près de cent ans, elle a distillé ses effluves de tabacs dans le quartier, avant de fermer définitivement ses portes le 26 juin 2010. Située dans un cadre de verdure au bord de la Moselle et à proximité de l’hypercentre messin tout en étant au calme, l’ancienne manufacture abrite aujourd’hui un nouveau quartier composé de 309 logements neufs et de 139 logements qui ont été réhabilités, mais aussi une résidence étudiante de 117 chambres, ainsi que de 700 mètres carrés de commerces et 1 883 mètres carrés de bureaux. A l’arrière du site, les habitants de la partie neuve, bénéficient même d’une vue dégagée sur le camping municipal. Avec leurs façades en pierre de Jaumont, les bâtiments rénovés se concentrent quant à eux davantage à l’avant et en front de rue, à l’image de l’ancienne maison du directeur qui est la seule à disposer de volets en bois. Juste à côté, les anciens ateliers de fabrication de cigares et de cigarettes abritent au rez-de-chaussée un supermarché de proximité. Aménagé sur une superficie de 560 mètres carrés, celui-ci fonctionne d’ailleurs très bien grâce aux étudiants de l’Université de Lorraine, aux lycéens de Fabert et aux usagers du camping.

A noter qu’à l’ombre des arbres centenaires, les noms des 3 965 employés ayant autrefois travaillé à la « Manu », comme les ouvriers l’appelaient affectueusement, ont été gravés sur une pierre. Mais le site possède une autre particularité. En effet, si le bastion Saint-Vincent n’a malheureusement pas été conservé, un jardin suspendu a été réalisé sur le toit d’une autre casemate militaire. Il faut dire que le site a un passé militaire important. Au début de l’Annexion, les Prussiens ont transformé la Manufacture toute neuve en hôpital militaire. Ses sous-sols ont occupé la même fonction en 1944. Ce fut même ici que le Général allemand Heinrich Kittel, nommé par le Führer Commandant de la Forteresse de Metz, fut conduit pour être soigné après avoir reçu une balle dans le genou en novembre 1944 lors de la prise de la ville par les GI’s de la 95ème Division d’Infanterie américaine. Quand il se réveilla, il était prisonnier des Américains.


