L’origine d’Onville remonterait au Vème siècle après Jésus Christ, avant même la chute de l’Empire romain d’Occident. A cette époque, un important groupe familial franc mené par un certain Odon pénétra dans la verdoyante Vallée du Rupt-de-Mad. Muni de ses armes et de ses biens convoyés à l’aide de quelques charrettes, il fit halte à l’endroit le plus large du Val de Mad, où l’épaisse forêt présente permettait de fournir les matériaux nécessaires à la construction de leurs habitations et de leurs dépendances.

Prenant conscience du potentiel du territoire qu’ils occupaient, ces Germains privilégièrent rapidement la culture de la vigne, la céréaliculture et l’élevage passant au second plan. En effet, la proximité de la ville épiscopale de Metz, devenue la capitale du Royaume d’Austrasie après la mort de Clovis en 511, rendait le commerce du vin florissant. Dans l’Odonis villa, certainement la plus peuplée des villae du Val de Mad, l’opulence des descendants du clan d’Odon permit la construction de maisons en pierre remplaçant celles en bois. Devenus bons chrétiens après avoir abandonné leurs idoles païennes, ils firent bâtir une chapelle au centre de la localité, à proximité de la demeure du centenier, le chef des guerriers locaux. Afin de compléter la viticulture, des pressoirs furent construits au-dessus de larges celliers. Avec l’accroissement de la population, notamment des vignerons, la chapelle fut transformée au VIIIème siècle en église paroissiale. Autour de celle-ci étaient inhumées les dépouilles des défunts. Ainsi naquit l’aître Saint-Rémi d’Onville, espace protecteur sacré confirmé lors des invasions hongroises du Xème siècle.

Afin de renforcer cet ensemble dont la forme est celle d’un fer à cheval, une massive tour-clocher, percée d’archères, fut dressée. Celle-ci subit des remaniements à plusieurs reprises jusqu’à la fin du XIIIème siècle. L’entrée dans cet aître fortifié se faisait par une étroite ruelle fermée à chacune de ses extrémités par une lourde porte. En période de paix, l’accès avec des armes y était interdit. De plus, afin de protéger les sépultures du cimetière, la présence des animaux y était proscrite. A partir du début du XIIIème siècle, l’installation de bourgeois messins se caractérisa par la construction de demeures plus larges et plus élevées.

Sur le plan politique, s’inquiétant de l’installation du puissant Duc de Lorraine à Prény, qui finit par contrôler les villae voisines de Bayonville-sur-Mad et de Vandelainville, les descendants d’Odon, propriétaires libres liés aux comtes carolingiens, préférèrent devenir les vassaux du sire d’Apremont, dont le suzerain était le Comte de Bar investi de tout temps par l’Evêque de Metz. C’est ainsi que les chevaliers d’Onville devinrent les protecteurs des Bénédictins de Gorze, dont l’abbaye, dédiée à Saint Gorgon, fut fondée vers 750. Finalement, cette fonction d’avoué leur fut fatale car, après être devenus officiellement propriétaires de l’église Saint-Rémi en 1156, les religieux gorziens, qui possédaient déjà à cette époque une bonne partie du finage mis en valeur par les descendants d’Odon, prirent le contrôle de cet ancien alleu au XIIIème siècle.

Les bons articles donnent toujours l’envie d’en savoir davantage. Celui-ci en fait partie. Il est probable qu’un tel site a dû susciter de nombreuses études et autres monographies. Une courte bibliographie (l’ouvrage – ou les deux ou trois ouvrages – qui permettent d’approfondir l’histoire d’Onville et de la vallée du Rupt-de-Mas) serait la bien venue.
Cerise sur le gâteau, les photographies, impressionnantes, donnent envie d’y aller voir !