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Histoire du château de Romécourt en Lorraine

Histoire et passion au domaine de Romécourt (Crédits photo : château de Romécourt)

Situé à l’écart de la route qui relie Château-Salins à Sarrebourg, à quelques kilomètres du village d’Azoudange et au cœur du Pays des Etangs, le château de Romécourt compte parmi les plus intéressants de Lorraine. Presqu’exclusivement construit en brique rouge, ce qui est rare en Lorraine, l’ensemble architectural se présente sous la forme d’un quadrilatère enserrant une large cour intérieure, laquelle est flanquée, dans l’un des angles, de la maison forte originelle. Entouré d’un peu plus de 300 hectares de terres cultivées et boisées, le château de Romécourt fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques depuis 1976.

château de Romécourt
Le domaine de Romécourt près d’Azoudange (Crédits photo : château de Romécourt)

C’est au XVIème siècle que remonte la construction du château tel qu’on peut le voir aujourd’hui. A cette époque, les terres de Romécourt forment un fief qui dépend de l’évêché de Metz. En 1564, le cardinal de Lorraine accorde la jouissance de ce fief à un certain Michel l’Enfant, Secrétaire de la Reine d’Ecosse Marie Stuart et officier des Salines de Dieuze. C’est lui qui fera édifier l’essentiel des communs, en employant de la brique rouge et en parant les deux portes qui s’ouvrent dans les courtines d’éléments architecturés empruntés au style de la Renaissance. En raison de son patronyme, le château de Romécourt sera alors surnommé « Kinthaus », c’est-à-dire, la « maison de l’enfant ». Un tiers de siècle plus tard, le domaine est déjà passé aux mains d’un autre propriétaire, à savoir Pierre Moussin, lequel occupe la charge de Conseiller auditeur de la Chambre des Comptes du Duché de Bar. En 1608, ce dernier reçoit de la part du jeune Duc Henri II de Lorraine des lettres de noblesses par lesquelles la terre de Romécourt est élevée en « seigneurie ». Une seigneurie qui va s’agrandir rapidement, en incluant la ferme de Milbert, ou Muhlberg, et une partie du ban de Mitterking, ou Métrequin en langue romane, un village situé près de Fribourg et qui sera rasé pendant la Guerre de Trente Ans. En 1680, la seigneurie de Romécourt est rachetée par Joseph de Martimprey. Ce dernier descendrait d’un certain Hugues de Martimprey, chevalier originaire de Franche-Comté ou de Lorraine et mort en 1250 en combattant les Infidèles, aux côtés de Saint Louis, à l’occasion de la septième croisade. Au XVIIème siècle, la maison de Martimprey est établie dans les Vosges, sur le ban de Corcieux. Ses membres sont au service des Ducs de Lorraine en occupant des fonctions administratives, politiques et militaires. A la fin du XVIIème siècle, l’achat de Romécourt par Joseph de Martimprey a pour conséquence la scission de la maison en deux branches distinctes : les Martimprey de Romécourt d’une part, et les Martimprey de Villefont de Choisimont, d’autre part. La première branche, celle dite de Romécourt, continue de gérer et d’administrer le domaine et le château situé à une petite lieue au Sud d’Azoudange.

porte Romécourt
Porte d’Allemagne du château de Romécourt (Crédits photo : Kévin GOEURIOT pour le Groupe BLE Lorraine)

Sur le plan architectural, le château de Romécourt présente l’originalité d’être essentiellement construit en brique. Des briques qui semblent avoir été façonnées sur place, comme en témoignent les deux grandes fosses situées dans le parc et dans lesquelles les constructeurs ont puisé l’argile nécessaire à la fabrication de ce matériau, rarement employé en Lorraine. Le château est de plan quadrangulaire. Il est flanqué, dans l’angle Sud-Ouest, d’un bâtiment plus haut et percé de fenêtres Renaissance. C’est la maison-forte à proprement parler. Les communs enserrent une vaste cour, à laquelle on accède par deux portes. Celle tournée vers l’Ouest est dite « Porte de France », quand celle qui lui est opposée est qualifiée de « Porte d’Allemagne ». Deux appellations qui ne sont pas sans faire songer aux Portes de Marsal ou de Phalsbourg et qui rappelle qu’ici, nous sommes en pays de frontière, au cœur d’un espace d’entre-deux longtemps convoité. Ces portes sont bâties dans un calcaire ocre qui tranche nettement avec la brique rouge employée pour l’édification des courtines. Le bossage des claveaux, en losanges, est typique de ce qui se faisait à la Renaissance. Un puits, très architecturé, ainsi que la chapelle du château, méritent à eux seuls la visite. Affectée au culte jusqu’en 1793, cette dernière a servi, depuis 1698, de sépulture à plusieurs membres de la famille de Martimprey de Romécourt. Elle conserve quelques éléments remarquables, dont un vitrail figurant le chevalier Hugues de Martimprey aux côtés du Roi Saint Louis. A l’intérieur même du logis se trouvent quelques salons lambrissés, dont un, tapissé de portraits d’ancêtres frappés aux armes des Martimprey, lesquelles sont d’azur à la fasce d’or chargée de trois étoiles de gueules.

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Maison-forte de style Renaissance du château de Romécourt (Crédits photo : château de Romécourt)

Les actuels propriétaires de Romécourt sont particulièrement investis dans la promotion de leur domaine. Après avoir organisé à Romécourt un son et lumière d’envergure régionale, les voilà qui font revivre la ferme fortifiée en y présentant les métiers d’autrefois. Une très belle initiative, qui peut donner des idées de sorties en famille.

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Le domaine de Romécourt s’ouvre sur la campagne lorraine (Crédits photo : château de Romécourt)

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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