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Traditions de la Saint-Eloi en Lorraine

Tapisserie de Guigone de Salins représentant Saint Eloi (Crédits photo : Urban)

Dans notre région, la Saint-Eloi a fait l’objet, dans le passé, d’un important pèlerinage. Chaque 25 juin en effet, le petit village de Flastroff, situé près de Sierck en Moselle, accueillait des fidèles venus de toute la Lorraine pour y faire bénir leurs chevaux. Ces derniers, qu’ils soient malades ou bien portants, chétifs ou vigoureux, faisaient le tour de la petite chapelle locale. Quand le fermier qui tenait son cheval par la bride arrivait devant les portes grandes ouvertes de la chapelle, il s’arrêtait un instant, esquissait une grande génuflexion avant de poursuivre la ronde autour du lieu de culte. Ceux qui ne pouvaient venir à Flastroff avec leur cheval se contentaient de déposer au pied de l’autel, une poignée de crin et quelques piécettes d’argent. Par ce geste naïf, ils espéraient gagner les faveurs de Saint Eloi et obtenir la guérison d’un précieux outil de travail.

Flastroff
Eglise Saint-Eloi de Flastroff en Moselle (Crédits photo : Aimelaime)

On pourrait croire que cette tradition de la bénédiction des chevaux a disparu à mesure que l’automobile s’est démocratisée. En fait, il semblerait que le pèlerinage de Flastroff soit tombé dans l’oubli dès la fin du XIXème siècle. Dans son Dictionnaire des traditions populaires messines, Westphalen nous rapporte en effet que le pèlerinage de la Saint-Eloi était déjà en voie de disparition en 1865. Une vingtaine d’années plus tard, il est totalement oublié. Mais à bien y regarder, la coutume s’est simplement modernisée. Certains articles de presse nous indiquent en effet que le pèlerinage continue de se faire, avec quelques chevaux mais aussi en tracteur !

Preuve de l’attachement des habitants à cette coutume, la statue de Saint Eloi qui orne la chapelle vient de faire l’objet d’une restauration originale. Le Saint, qui avait perdu sa main droite peut de nouveau esquisser le geste de la bénédiction. A noter cependant que la main en question n’a pas été sculptée mais moulée dans un gant ! Une anecdote originale qui nous prouve qu’il suffit souvent de quelques bonnes idées pour mettre en valeur le patrimoine local.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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