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Pour une réforme complète des Agences Régionales de Santé

Le siège de l'ARS Grand Est à Nancy (Crédits photo : Google Street View)

Alors qu’elles fêtent cette année leurs dix ans d’existence, les ARS (Agence Régionales de Santé) sont aussi bien critiquées par le corps médical que par les élus depuis leur gestion contestée de la crise du Covid-19. Ces derniers dénoncent en effet la toute-puissance de ces agences, ainsi que l’absence de démocratie et de transparence dans la prise de leurs décisions qui sont souvent imposées dans la brutalité, sans consultation ni de concertation.

Revenons tout d’abord en arrière. Avant les ARS, il y avait les DRASS (Directions Régionales des Affaires Sanitaires et Sociales) puis les ARH (Agences Régionales de l’Hospitalisation). A l’époque, ces administrations n’employaient qu’une trentaine de personnes en Lorraine. Créées en 2010, les ARS ont pris le relais avec certes davantage de compétences, mais en multipliant les effectifs par dix. Véritables bras armés sanitaires du pouvoir central, dont elles ne seraient finalement que les relais d’application locaux des décisions prises à Paris, ces dernières ont normalement pour mission de coordonner les hôpitaux, la médecine de ville, les établissements publics et privés et les acteurs médico-sociaux.

En janvier 2016, suite à la création anti-démocratique de la méga-région Grand Est en violation complète du droit européen, l’ARS de Lorraine a dû fusionner avec ses voisines d’Alsace et de Champagne-Ardenne pour former l’ARS Grand Est, dont le siège se situe à Nancy. L’ensemble compte près de 800 salariés. Sa masse salariale était de 55 millions d’euros en 2019. Ses frais de fonctionnement s’élevaient quant à eux à 6,3 millions d’euros. Le directeur général de l’ARS Grand Est, qui s’apparente à un véritable préfet sanitaire et qui n’a de compte à rendre qu’au ministre français de la santé, touche de son côté environ 16 000 euros bruts par mois, soit plus qu’un ministre. Mais celui-ci peut être assis sur un siège éjectable quand l’opinion publique est contraire. L’ancien directeur général de l’ARS Grand Est en a ainsi fait l’expérience après une sortie médiatique qui a indigné l’ensemble de la classe politique lorraine et de nombreux citoyens. Interrogé sur l’avenir du Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Nancy suite à la décision du Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soin (Copermo) qui prévoyait la suppression de 174 lits et de 600 postes à l’horizon 2025, puis de mille postes d’ici 2033, en contrepartie d’un investissement immobilier de 515 millions d’euros partiellement subventionné par Paris pour regrouper tous les services à Brabois, le directeur, confiné dans ses appartements parisiens, confirmait cette perspective alors que la pandémie mettait à genoux les hôpitaux lorrains qui étaient submergés par la vague de patients infectés par le coronavirus. Il fut alors viré dès le lendemain pour être remplacé par une proche du nouveau ministre français de la santé qui a accompli plusieurs missions au CHRU de Nancy pour l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) ayant notamment conduit à l’arbitrage final du Copermo. Depuis une nouvelle directrice a encore été nommée à la tête de l’ARS Grand Est et le Copermo, qui n’était finalement ni plus ni moins qu’une sorte de chantage à l’aide financière contre des suppressions de postes et de lits, semble être désormais enterré.

Il faut bien comprendre que les directeurs généraux des ARS ne sont en réalité que des fusibles destinés à sauter en cas de surchauffe. Ils sont les garants de l’application stricte, froide et sans opposition aucune de la doctrine du gouvernement central parisien. Le Covid-19 a néanmoins permis de mettre en évidence les limites des ARS à gérer une crise sanitaire. Considérés par de nombreux élus comme des organismes bureaucratiques budgétaires et de contrôles, destinés à réduire les coûts, elles doivent impérativement être réformées pour adapter leur modèle aux crises sanitaires et surtout pour insuffler une politique de santé territoriale cohérente.

Rédigé par Rédaction BLE Lorraine

La Rédaction du Groupe BLE Lorraine, premier média et think tank indépendant de Lorraine.

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