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Fiauve de la tarte au fromage blanc de Hannocourt

Il y a de cela belle lurette, dans le temps, il y avait un curé à Hannocourt. Aujourd’hui il n’y en a plus et les gens de Hannocourt vont à la messe à Prévocourt. Le prêtre aimait bien la tarte au fromage blanc. Du reste, c’était bien permis. Il avait donc commandé à sa gouvernante de lui en faire une et il lui avait dit ainsi : « Marianne, faites m’en une bonne épaisse et si vous m’en cuisez une assez épaisse pour que mon nez entre dedans quand je la mangerai, je vous achèterai une belle jupe bleue. »

Pour le coup, voilà que notre Babette se met à l’œuvre et prend au moins deux pots de lait caillé qu’elle répand sur la pâte, avec de la crème, et que même quand la galette a été cuite elle avait encore une rude épaisseur. Quand monsieur le Curé arrive pour déjeuner, la voilà qui apporte la galette toute bouillante sur la table et regarde comment le nez de son maître allait entrer dans la galette quand il mangerait.

Hannocourt
L’église de Hannocourt en Moselle (Crédits photo : Aimelaime)

Mais bot’ au diable, voilà mon curé qui retourne la tarte pour mordre dedans, si bien que le fromage blanc était dessous et que, pour le coup, le nez ne pouvait entrer. Voilà la Marianne bien estomaquée qui repart dans sa cuisine en disant : « Ah ! J’avais bien dit que le bougre de cochon m’attraperait encore ! »

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Lé tāite

I n’et de celet beile lurète, dans l’temps qui n’éveut ïn curé é Genòcot. E c’t houre i n’en et pu et les gens de Genòcot vont à lé masse é Prevòcot. Lo preite émeut bien lé taite au mangin. Au rech c’ateut bien permïn. L’éveut don commandé é sé gouvernante d’y en faire eune et il y éveut dit en let : « Mériaine, feyei me z’en eune bonne passe ; et se v’m’en cuhez eune que m’nez entresse dedans quand j’lé mingerai, je v’écheterai une beile bleue cate. »

Po l’cò, val natte bèbette que s’ma en ieuve et que prend on moins dous potats de maton qu’elle ma su lé paite, avo de lé crème, et que mèmement quand lé fiouse é étu cute, qui n’éveut eune rude passou. Quand Monsieu l’Curé érive po d’juner, lé val qu’épaute lé fiouse to boliante su lé tauille et que rwéte veur comme lo nez de s’maite alleut entrer dans l’mangin, quand i mingereu.

Mê bah t’au dièle, val mo curé que r’tonne lé taite po mòte dedans, tant tient que l’mangin ateut au dso et que po l’cò lo nez ne poveut entrer. Val lé Mériaine beune echtoméquaye et qu’renvai en sé cuhine en d’hant : « Ah ! j’éveus bien dit qu’lo bougre de p’ché m’étrapreut ca ! »

Référence du texte :

Société d’Archéologie Lorraine, Musée historique lorrain (Nancy). Lè Taite. In : XARDEL R. Le Pays Lorrain. Edition Inconnue. Nancy : 1904, p. 122.

Rédigé par Chantal TICHEUR

Ardente défenseuse du Lorrain roman, ancienne présidente du Cercle des Patoisants de Moselle

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