Avec Saint Livier, Saint Eucaire et Sainte Libaire, Saint Elophe est le quatrième grand saint céphalophore du martyrologe lorrain. D’après la tradition, ce saint aurait été décapité à Solimariaca, sur les bords du Vair, au matin du 16 octobre de l’an 362. Mais à peine venait-il de subir la décapitation qu’Elophe ramassait sa tête et se dirigeait au sommet d’une colline toute proche, de laquelle il aurait prononcé un dernier sermon, avant d’être finalement enterré. Dès lors, son tombeau devint un lieu de culte important dans le Sud lorrain.

La bourgade gallo-romaine de Solimariaca, aujourd’hui Soulosse-sous-Saint-Elophe, continue d’honorer ce saint à l’histoire si curieuse. Sur place en effet, la petite chapelle Sainte-Epéotte rappelle, par son nom, l’instrument et le lieu du martyre. Au sommet de la colline, l’église de Saint-Elophe était encore un lieu de pèlerinage très fréquenté au XIXème siècle. Les gens s’y rendaient pour guérir de la goutte, des calculs rénaux et de la fièvre. La tradition voulait qu’au cours de ce pèlerinage, chacun boive à la source où le saint martyr aurait lavé sa tête. Depuis 1992, la municipalité a eu la bonne idée de remettre ce pèlerinage au goût du jour en proposant, chaque lundi d’octobre, une marche entre les deux lieux de culte. A noter aussi qu’il y a quelques années, la commune a également eu l’idée originale de réunir autour du tombeau du martyr, toutes les personnes portant le patronyme d’Elophe. Sorte de vaste cousinade qui a permis à des personnes venues de toute la France de remonter aux sources et de partager un moment très convivial.

Si, à l’instar des pèlerins, l’envie vous prend de vous rendre sur place, ne manquez pas de visiter l’église paroissiale, qui conserve une jolie statue de Saint Elophe, datant du XVIème siècle. Un sarcophage antique, qui passe pour être le tombeau du martyr, y est également conservé. Mais il y a fort à parier que ce sarcophage soit vide car en 964 l’Evêque de Toul Gérard avait fait don de la majeure partie des reliques d’Elophe à Brunon, alors Archevêque de Cologne.

Tout comme Elophe, la Reine de France Marie-Antoinette a été décapitée un 16 octobre. C’était en l’an 1793, quasiment neuf mois après l’exécution de son époux, le Roi Louis XVI. L’exécution de Marie-Antoinette à la guillotine est, rappelons-le, un événement qui touche d’assez près l’histoire lorraine. D’abord parce que cette reine, que tous, à l’époque, s’obstinaient à appeler « l’Autrichienne », était la fille de notre dernier Duc légitime de Lorraine, le fameux François III qui, ayant renoncé à ses Etats en 1737, devint Grand-duc de Toscane puis Empereur du Saint-Empire. La deuxième raison qui lie Marie-Antoinette à la Lorraine, c’est la fuite, qu’elle a tenté de mener, avec le Roi Louis XVI et ses enfants, vers la citadelle de Montmédy, afin de rallier quelques troupes restées fidèles à la monarchie. Fuite manquée puisque, le 20 juin 1791, Jean-Baptiste Drouet donne l’alarme et fait arrêter la famille royale à Varennes-en-Argonne. Cet événement, que les Français vivent, à l’époque, comme une trahison de la part de leurs souverains sera en grande partie à l’origine de leurs exécutions.


