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Histoire du château de Réchicourt-le-Château

Château de Réchicourt-le-Château (Crédits photo : Marc Baronnet)

A une petite vingtaine de kilomètres au Sud-Ouest de Sarrebourg et au cœur même du Pays des Etangs, Réchicourt-le-Château abrite un château suffisamment important pour que la commune ait choisi de le mentionner dans son nom. Un château à l’architecture éclectique qui résulte elle-même d’une histoire particulièrement mouvementée.

Car en fait de château, on trouve surtout, à l’Est du village, une grosse demeure faite de bâtiments agglomérés au cours des siècles. La plupart des castellologues de la région pensent qu’une tour fortifiée, peut-être érigée au XVIème siècle, a servi de point de départ à la création du château de Réchicourt. Contre cette tour auraient été adossés d’autres bâtiments, d’abord vers l’Ouest, puis de l’autre côté, si bien que le château a fini par prendre l’aspect d’un agglomérat de hauts bâtiments de styles et de formes variés. Amputé d’une aile au milieu du XIXème siècle et grandement abimé sur sa façade Est, le château de Réchicourt pourrait décevoir les amateurs de vieilles pierres. Pourtant, il conserve un certain nombre d’éléments remarquable, à commencer par la façade qui donne côté rue. Cette dernière s’organise en effet sur trois niveaux, plus un niveau de petites lucarnes aménagées sous l’appentis du toit. Une porte cochère, dans laquelle s’imbriquait probablement un pont à bascule, permet d’entrer dans le bâtiment. Elle est surmontée de fenêtres à meneaux typiques de la Renaissance. La même façade offre un magnifique oriel coiffé de tuiles en queue de castor et datant, lui aussi, du XVIème siècle. Par un passage voûté, on accède à une cour dominée par la haute façade Nord du château. Celle-ci présente également un certain nombre d’éléments architecturaux intéressants, à commencer par de nombreuses fenêtres Renaissance à croisillons de grès rose, ainsi qu’une porte cochère aux piédroits moulurés et surmontée d’un décor datant du XVIIIème siècle. On remarque aussi un support sur lequel prenait certainement appui une échauguette. L’intérieur de la demeure offre encore quelques beaux restes, notamment un escalier en fer forgé datant du siècle des Lumières.

On l’aura compris, le château de Réchicourt offre une architecture complexe qui résulte elle-même d’une histoire pour le moins mouvementée. Tenue par les Comtes de Werd, eux-mêmes issus de la tige comtale de Sarrebruck, la seigneurie de Réchicourt relève, au Moyen-âge, de l’Evêché de Metz. En 1255, un certain Thierry de Réchicourt avoue en effet tenir en foi et hommage de l’Evêque de Metz les terres et le château qu’il possède à Réchicourt. Passé par mariage, dans le courant du XIVème siècle, au Comte de Linange-Dabo, le château est endommagé en 1469 lors d’une querelle qui opposait le Comte de Linange au Duc de Lorraine. En 1507, Hannemann de Linange, seigneur de Réchicourt, s’éteint en laissant deux filles : Elisabeth et Walburge. Dès lors, la seigneurie de Réchicourt est partagée entre plusieurs familles. Parmi celles-ci figurent les Hohenfels, Eberstein et les Linange-Westerburg. En 1593, le Comte Louis de Linange-Westerburg parvient à réunir toutes les parties de la seigneurie entre ses mains. Ce maintien perdurera jusqu’en 1669, date à laquelle la terre de Réchicourt est revendue à Frédéric d’Ahlefeld, grand Chancelier du Royaume de Danemark. En 1703, son fils Charles revend le château et tout le Comté à Frédéric-Louis de Nassau-Ottweiler. Mais dès 1720, ses filles revendent l’ensemble à Anne-Marie Joseph de Lorraine, Prince de Guise et Comte d’Harcourt. En 1751, la terre de Réchicourt passe par héritage à la famille ducale de Richelieu. Cette dernière ayant émigré durant la révolution française, le château est revendu en 1797 à un notaire local du nom de Marc-Antoine Collignon. Il passe ensuite à un certain Joseph Denis, juge de paix qui choisit d’en faire une exploitation agricole. Le château médiéval, qui subsistait toujours à l’Est du bâtiment Renaissance, est quant à lui acquis par un certain Simon de Vercly, puis par Félix Collignon, conseiller à la Cour de Nancy, qui le fera raser en 1879.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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