Située dans le vieux Nancy, la Maison des deux sirènes a été bâtie à la fin du XVIème siècle. En réalité, il ne s’agit pas de sirènes mais de deux tritons enlacés qui ornent l’angle de la demeure au premier étage.

La maison présente une remarquable porte d’entrée de style Renaissance, en plein cintre, flanquée de pilastres cannelés et surmontés de chapiteaux corinthiens à feuilles d’acanthe qui soutiennent eux-mêmes un linteau orné d’un cartouche encadré de rinceaux de feuillages. Un fronton en anse de panier brisé surmonte le tout et offre un entablement destiné à protéger l’ensemble des intempéries. On remarquera aussi le mascaron qui décore la clé de voûte, sur le cintre. Celui-ci représente une tête d’indien qui porte une fraise, c’est-à-dire une collerette très à la mode alors, témoignage unique du goût de l’époque pour le Nouveau Monde.

Il est intéressant de noter que c’est par cette porte richement sculptée que le Duc de Lorraine Nicolas-François et son épouse Claude de Lorraine, fille du défunt Duc Henri II, se seraient enfuis de Nancy dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1634 pour gagner la Franche-Comté, la Toscane puis Venise. Le couple ducal avait réussi à berner les gardes français en se déguisant en page et en valet. La cité était en effet occupée par les Français qui voyaient d’un mauvais œil leur mariage. Rappelons que Louis XIII avait profité du tumulte de la Guerre de Trente Ans pour lancer ses troupes à la conquête de l’espace lorrain. Reconnus par une Nancéienne, les fugitifs auraient profité du fait que nous étions le 1er avril et que les gardes pensaient qu’il s’agissait là d’un poisson d’avril !
