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Quand apiculture rime avec agriculture

Ruches sur une remorque aux abords d'un champ du Toulois (Crédits photo : Michel Grojean)

On a parfois tendance à croire que l’agriculture et l’apiculture sont deux mondes qui s’ignorent. Ce n’est en tout cas pas le cas en Lorraine. Une expérimentation est en effet menée dans le Toulois pour améliorer aussi bien la production mellifère par des pratiques agricoles adaptées que la production agricole et arboricole grâce aux insectes pollinisateurs. Les agriculteurs s’engagent, les apiculteurs les accompagnent. Cette complémentarité et cette réciprocité doivent permettre d’élaborer une stratégie gagnant-gagnant et de renforcer chacune des deux professions.

Afin de réaliser cette opération expérimentale inédite, le Comité Agricole du Pays Toulois (CAPT) met à la disposition de plusieurs apiculteurs deux remorques de transhumance équipées d’instruments de mesures connectées informatiquement. Celles-ci véhiculent les ruches de parcelles sur les terres agricoles du Toulois. L’idée est d’obtenir des références techniques qui seront par la suite vulgarisées auprès de tous. C’est pourquoi le slogan de cette initiative, « Cultivons mellifère », intègre bien l’action concertée de ceux qui travaillent la terre et de ceux qui produisent le miel.

L’expérimentation, programmée sur plusieurs années, a pour but de répondre à des interrogations grâce aux données collectées toutes les dix minutes tout en créant de la richesse pour le terroir. Quelles cultures mettre en place ? Quels couverts végétaux d’été assurer pour fournir une ressource alimentaire continue et de qualité nécessaire aux abeilles ? Ou comment le développement d’une activité millénaire et ô combien essentielle à la santé peut tout aussi bien encourager la qualité et le rendement des récoltes. En effet, la production de miel est actuellement deux fois inférieure aux besoins des consommateurs en France. Il est par conséquent intéressant de connaître et de mesurer le pouvoir mellifères des plantes cultivées en Lorraine.

Si vous observez dans les champs ces remorques spécifiques avec les ruchers, ne vous en approchez pas, pour votre sécurité, mais aussi pour ne pas perturber les abeilles et les conditions de l’expérimentation. A noter enfin que cette démarche innovante et inédite en Lorraine est menée en étroite collaboration avec le Syndicat des Apiculteurs de l’Est. Michel Grojean, Président du CAPT, entend aller encore plus loin. « Nous allons faire fabriquer des pots de fleurs mellifères par une association de lutte contre le chômage. Les habitants des communes du Toulois pourront les mettre sur les rebords de leurs fenêtres pour aider les abeilles et contribuer au fleurissement », assure-t-il.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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2 Commentaires

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  1. Les agriculteurs du Pays Terres de Lorraine ne sont pas fous, pourtant, ils vont tenter de semer juste avant la moisson. Dans le cadre de l’opération cultivons Mellif’Air, le Comité Agricole du Pays Toulois met en place, en collaboration avec la Coopérative Agricole Lorraine, des parcelles de démonstration de semis de plantes mellifères avant la moisson. L’originalité de cette expérimentation consiste précisément à semer des plantes mellifères dans les blés en épis, six semaines environ avant la moisson. Si la météo est favorable naturellement, cela permettra d’avoir, juste après la moisson, un tapis de plantes mellifères déjà installées prêtes à fleurir au moment où il n’y a par ailleurs plus de fleurs pour les abeilles. Ces plantes déjà installées, avant l’été, auront pour intérêt de capter plus de carbone et de plus de nitrates, de protéger la faune et de fleurir les paysages au lieu d’avoir des terres nues durant l’été. Cette expérimentation sera menée chez une cinquantaine d’agriculteurs du Pays Terres de lorraine. Il n’existe pas pour l’instant de matériel spécifique pour mener une telle expérimentation. Aussi, les paysans devront, pour cette première, faire preuve d’ingéniosité pour semer alors que les blés ne sont pas encore moissonnés. En cas de succès de l’opération, des études seront réalisées avec des constructeurs de machines agricoles, afin de fabriquer un engin adapté et qui serait mutualisé entre les agriculteurs de l’opération.

  2. Reconnu pour sa rareté, ses qualités gustatives mais aussi pour ses vertus médicinales, le miel de sapin fait la fierté des Vosges. Ces dernières sont d’ailleurs avec la Corse les deux seuls territoires à en détenir une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), un label difficile à obtenir. La rareté de ce produit provient notamment de sa méthode d’élaboration. En effet, comme les abeilles ne butinent pas les arbres, elles doivent se servir du puceron comme intermédiaire. Il faut dire que celui-ci raffole de la sève de sapin. Après l’avoir avalée, il va en assimiler l’azote puis rejeter le sucre. Les abeilles vont récupérer ce dernier que l’on appelle aussi miellat. C’est ce procédé de fabrication beaucoup plus complexe qui fait que le miel de sapin coûte plus cher que d’autres miels. Récolté en mai et en juin, le miel de sapin arbore une teinte ambrée brunâtre, parfois foncée. Il a un goût particulier, très puissant et intense, tout en restant doux. Réputé pour ses vertus antiseptique et antiinflammatoire, il est bon pour le nez et le gorge.

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