C’est en Lorraine avec la bataille des frontières que la Première Guerre mondiale a plongé dans les tueries de masse en août 1914.
En effet, dès le début du mois d’août 1914, des milliers de soldats français et allemands tombèrent entre Sarrebourg et Morhange. Les 10 et 11 août, les troupes françaises tentèrent un premier franchissement de la frontière et se firent décimer. Le long du front d’Abreschviller à Frémery, des dizaines de monuments et de nécropoles françaises et allemandes témoignent encore de la violence de ces premiers affrontements comme à Lagarde. Encore aujourd’hui, cette cinglante défaite française est tombée dans l’oubli.

A partir du 14 août 1914, l’armée française se fait prendre dans le piège tendu par les Allemands entre Sarrebourg et Morhange, cités alors situées en Lorraine annexée. Un déluge de feu et d’acier s’abat alors les 19 et 20 août 1914 sur l’infanterie française. Aussi puissante que fulgurante, la contre-attaque allemande repoussa les Français jusqu’en Meurthe-et-Moselle, où le front se stabilisa ensuite jusqu’à la signature de l’Armistice en 1918. Les nécropoles de Cutting, de Riche et de Morhange accueillent les dépouilles et les restes des soldats morts durant la première partie de cette terrible bataille des frontières.

La nécropole de l’Espérance de Cutting abrite les corps de 813 soldats français, dont celui du premier général mortellement blessé au combat, à savoir le Général Paul-Emile Diou, qui voulait reposer parmi ses hommes. A Riche, où les combats furent les plus meurtriers, une chapelle commémorative domine les sépultures de la nécropole nationale française, où 2 574 soldats ont été inhumés. L’édifice a été démonté pierre par pierre du château de Bathélémont situé à Saint-Médard, près de Dieuze, puis remonté à l’identique à Riche. Non loin de là, à Morhange, le cimetière allemand de l’Hellenwald, a été créé dès le 7 août 1914 pour recevoir les corps des soldats tués lors des opérations de reconnaissance. 4 574 hommes reposent au milieu d’une forêt bucolique dans ce qui fut le premier cimetière militaire allemand du front.

Les batailles de la Chiers et de Pierrepont-Bazailles, qui se déroulèrent près de Longwy du 21 au 25 août 1914, marquent la fin de la bataille des frontières en Lorraine. La forte poussée allemande entraîna le repli des troupes françaises vers Verdun et la Marne, avec toutes les horreurs des tranchées qui allaient en découler. Créée en 1920 et inaugurée en 1932, la nécropole nationale française de Pierrepont abrite les dépouilles de 3 758 soldats français morts au cours des terribles combats autour de Pierrepont du 22 et 23 août 1914 qui furent exhumées de différents cimetières militaires provisoires des secteurs de Longwy et de la Crusnes, de Spincourt, de l’Othain et du Loison. Elle comprend 1 416 tombes individuelles et deux ossuaires qui conservent les restes de 2 342 hommes. A leurs côtés reposent également 493 Russes, 141 Belges, deux Britanniques et un Roumain, ainsi que plusieurs militaires tués lors de la Seconde Guerre mondiale, dont vingt Français, 55 Soviétiques et un Tchèque. Dédiée au souvenir des soldats disparus, la tour-lanterne a été érigée en 1922 au centre de la nécropole de Pierrepont à partir des pierres d’une ancienne cheminée de la manufacture de draps locale. Surmontée d’une lanterne lumineuse, elle est supposée, selon la tradition, servir de guide aux défunts. Sa hauteur de plus de trente mètres s’explique par la volonté d’égaler le monument qui surplombe le cimetière allemand voisin du Bois de Fayel, où reposent 3 017 soldats.

A noter enfin que le cimetière national français de prisonniers de guerre de Sarrebourg, la nécropole nationale française de Chambière à Metz, la nécropole nationale française de Lagarde, le cimetière militaire allemand de Lagarde, la nécropole nationale française de l’Espérance à Cutting, la nécropole nationale française de Riche, le cimetière militaire allemand de l’Hellenwald à Morhange, la nécropole nationale française de Pierrepont et le cimetière militaire allemand de Pierrepont font partie des 26 sites funéraires et mémoriaux de la Guerre de 1914-1918 en Lorraine classés au patrimoine mondial de l’humanité en 2023 par l’UNESCO.


