Dans le contexte de l’élan migratoire de la fin de l’Antiquité qui a poussé des populations germaniques à traverser les frontières de l’Empire romain, un chef franc, Inguald, s’installa avec son clan à proximité des hameaux gallo-romains de Buret et du Soiron au cours du Vème siècle après Jésus-Christ. Cette partie de la Vallée du Rupt-de-Mad était alors consacrée principalement à la céréaliculture. Ces nouveaux arrivants, bien que considérés comme des barbares, prirent rapidement conscience du potentiel viticole de cette contrée et s’attelèrent à la défricher. Progressivement, le versant bordant le Rupt-de-Mad, du côté du septentrion, se couvrit de vignes. Naturellement, l’habitat de leurs successeurs se développa à proximité du vignoble, à mi-pente, entre deux collines boisées, le Couchot à l’Ouest, là où se couche le Soleil, et la Joyeuse à l’Est, lieu où abondaient des sources d’eau transformées en fontaines.
Au IXème siècle, l’Inwaldi Villa, qui tire son nom du fondateur du domaine, passait de la dépendance des Evêques de Metz à celle de l’abbaye bénédictine de Gorze. Lors du siècle suivant, un oratoire, lieu dévoué à la prière, fut fondé. D’après d’anciens textes, l’église de Waville fut construite à l’instigation d’Henri, Abbé de Gorze de 1055 à 1093, conseiller du Comte d’Apremont et du Duc Godefroy de Bouillon. En raison de l’augmentation de la population, une église, cette fois-ci fortifiée, dédiée à Saint-Hubert, lui succéda au début du XIIIème siècle. Le bâtiment cultuel, à l’origine entouré de son cimetière, d’où l’appellation d’aître, est aujourd’hui considéré comme l’une des plus anciennes églises halles d’Europe.

C’est à cette époque que furent réalisées des peintures murales à l’intérieur de l’église. Celles-ci furent découvertes par le curé de Waville qui écrivait, en 1851 : « Elles semblent dater du XIIIème siècle. Les peintures que j’ai déjà mises à jour représentent les Apôtres en pied, chacun dans une pose différente, et portant un écusson rond, à croix grecque et tréflée. Les couleurs fortement incrustées sur le mortier, sont assez bien conservées ; les traits des figures ont en partie disparu, à cause du badigeonnage de chaux dont on a eu le mauvais goût de les couvrir depuis si longtemps. Je cherche à faire tomber avec précaution ces couches épaisses, et à ce moment, j’ai déjà découvert sept de ces personnages. Il paraît qu’il y en a autour de l’église ; des preuves de grattage m’en ont révélé les traces. Les noms des apôtres, en caractères antiques, sont au-dessus de la tête de chacun d’eux. Des légendes gothiques entourent d’autres figures, mais il est très difficile de lire ces inscriptions presque disparues. »

Conformément à la tradition chrétienne, le chevet abritant le chœur est orienté vers l’Est. « Sur le plan terrier de Gorze de 1748, l’église est isolée au milieu du quartier de l’aître. Les maisons sont accolées les unes aux autres avec une grande régularité et forment un fer à cheval fermé auquel on accédait par une entrée principale au pied du porche de l’église et deux entrées latérales très étroites », indique l’Adjoint au maire et ancien instituteur du village, Michel Herby, s’inspirant de la thèse de Jacques Reisdorfer consacrée aux aîtres fortifiés de la Vallée du Rupt-de-Mad. Le même de préciser : « A la différence d’Onville et de Bayonville, aucune maison de l’aître de Wavile ne se distinguait des autres. Il s’agissait d’un aître communautaire réservé à des gens de condition sociale identique, tous sujets de l’Abbé de Gorze. »

Comme les conflits étaient fréquents au Moyen-âge, époque pendant laquelle le territoire de la Vallée du Rupt-de-Mad était morcelé entre plusieurs seigneurs, l’église fut fortifiée, ce qui lui donna l’allure d’un petit château planté sur une hauteur. Elle fut par la suite continuellement remaniée jusqu’au XVIIIème siècle. Elle était dominée par une tour-clocher coiffée de créneaux qui furent rasés et remplacés par une toiture en 1736. En 1608, des travaux de fortification avaient été menés. De cette époque, nous pouvons encore apercevoir un escalier à encorbellement permettant d’accéder à la terrasse crénelée. L’église Saint-Hubert possède également un tympan datant de 1525 qui coiffe sa porte d’entrée. Il représente le saint patron des chasseurs converti à la chasse par un cerf portant un crucifix entre ses bois. Cette œuvre remarquable fut payée par le curé desservant alors la paroisse de Waville, Georges Hussenet.

Par arrêté du 6 juillet 1921, l’église Saint-Hubert de Waville, dont la nef-halle est composée de trois vaisseaux de même hauteur qui comporte chacun trois travées, fut classée au titre des monuments historiques.

