Dans une salle du palais abbatial de Remiremont, on peut admirer un très beau portrait d’Anne-Charlotte de Lorraine (1714-1773) attribué au peintre Jean Girardet (1709-1778). Sur celui-ci, l’Abbesse de Remiremont porte des bijoux constitués essentiellement de perles. De perles des Vosges plus exactement. Et c’est là un détail oublié de l’histoire digne des contes de fées.

Edifié par cette même Anne-Charlotte de Lorraine, le palais témoigne encore aujourd’hui du statut des nobles dames de Remiremont comme il était à l’époque coutume d’appeler les chanoinesses de l’abbaye. Il faut dire que celles-ci devaient prouver au moins seize quartiers de noblesse pour pouvoir prétendre à cette prestigieuse institution. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Anne-Charlotte de Lorraine n’en manquait absolument pas puisqu’elle n’était rien de moins que la fille de Léopold Ier de Lorraine, une descendante des Guise, branche cadette des Ducs de Lorraine, la petite-fille d’Elisabeth Charlotte, la fameuse princesse Palatine, ou encore la nièce de Louis XIV. Le portait réalisé par Jean Girardet la montre jeune femme. Elle porte une robe de soie vert pâle brodé de dentelle de Chantilly et un manteau doublé d’hermine qui sont à la hauteur de son rang. L’ensemble est relevé de magnifiques parures et bijoux faits de perles des Vosges.

En effet, la prospérité du Duché de Lorraine provenait de ses richesses naturelles comme le sel, le cuivre, le bois ou encore l’argent. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il était également réputé pour sa production de perles d’eau douce. Ces dernières étaient aussi belles en lustre et en taille que les perles venues d’Orient. Elles pouvaient peser de six à 14,7 carats, soit soixante grains, ce qui est exceptionnel pour des perles d’eau douce. On les trouvait dans les eaux cristallines du Neuné et de la Vologne qui était d’ailleurs autrefois nommée La Perle. Ces trésors aquatiques étaient prélevés dans une espèce de moules appelée mulettes perlières qui était très présente au XVIème et au XVIIème siècles dans les Vosges. Ces moules ont malheureusement été décimées par la pollution au XIXème siècle.

A noter enfin que les Ducs de Lorraine avaient fait bâtir à Cheniménil une maison forte, baptisée Château-sur-Perle, pour contrôler et surveiller ces rivières vosgiennes précieuses et lucratives. Il n’en reste plus rien aujourd’hui que des ruines perdues dans la forêt avec quelques salles souterraines et un puits.


