Le petit village de Charey, en Meurthe-et-Moselle, est assez ancien. Des exploitations agricoles existaient en effet déjà à l’époque celtique. D’ailleurs, le bourg se trouvait sur le passage d’une route reliant Pannes à Novéant-sur-Moselle en passant par la Côte du Soiron. Cette voie, traversant une zone céréalière, fut mise en valeur par les conquérants romains.
Le nom de ce vieux vicus celtique provient de cette époque. La dénomination Charey est un dérivé de carreica dérivant elle-même de carrus, corruption du quadrivium latin désignant un carrefour. De ce terme proviennent également quarelles et quaroilles, noms de lieux-dits que l’on retrouve dans de nombreuses communes lorraines. Il est aussi à l’origine de notre fameux couarail ou couaroil, réunion fortuite de personnes se mettant à discuter à bâtons rompus. Car, évidemment, un carrefour était un endroit où se rencontraient des personnes, notamment des marchands, provenant de diverses directions et s’échangeant des informations. Charey se trouvait, par conséquent, à la croisée de plusieurs chaussées romaines.

Quant au château de Charey, son origine remonterait au XIIIème siècle. Les Beauvau, arrivés en Lorraine avec René Ier d’Anjou, sont à la tête de la seigneurie au XVème siècle. Ils la cèdent en 1571 à François de Gourcy et ses descendants en seront les titulaires jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Le petit-fils de ce dernier, également prénommé François, fut nommé connétable des armées du Duc de Lorraine Charles IV. Il s’illustra, lors de la Guerre de Trente Ans en tenant un siège victorieux en son château assiégé par une bande de Suédois. Dans les combats, il tua lui-même le chef scandinave ce qui provoqua la débandade de sa troupe.
Le blason de la commune est en fait celui de la famille de Gourcy. Elle en a également repris la devise qui ferait référence au fait d’arme de François : Loyal (au Duc de Lorraine), Antique (référence à l’ancienneté des Maisons de Beauvau et de Gourcy), Vayant (référence à l’ardeur au combat montrée par François II de Gourcy).

Les chroniques anciennes affirment, en 1757, que le château de Charey était encore « fort beau fortifié de fossés entretenus et remplis d’eau avec un pont-levis et fermé de bons murs ». Mais dans sa monographie, rédigée en 1888, l’instituteur, Monsieur Raison, écrit que seuls la base des remparts et les anciens fossés sont encore apparents. Plusieurs agriculteurs, propriétaires ou fermiers, se partageaient alors les différentes parties fortement endommagées lors de la Première Guerre mondiale.
Sur le plan qu’a dressé Monsieur Raison, nous pouvons encore distinguer la présence de trois tourelles à trois des quatre angles de l’ancienne maison forte. Une tour ronde était également encore debout. Une poterne avait été détruite, mais il en subsistait encore une.