Son nom est une altération d’une expression issue du dialecte lorrain, à savoir « Hatte Padaie », ce qui signifie « haute pierre suspendue ». Il faut dire qu’elle culmine à 900 mètres d’altitude. Donc rien à voir avec l’animal. Après l’annexion allemande de 1871 de cette petite partie de la Lorraine et plus précisément du département de Vosges, les Allemands la rebaptisèrent « Katzenstein », ce qui signifie « roche du chat », reprenant ainsi l’erreur d’interprétation linguistique qu’avaient fait les Français !
Il existe une légende à propos de cette roche. La mémoire humaine étant courte, il a bien fallu trouver une explication à ce nom étrange de « chatte pendue », qui s’est alors associé à une croyance plus ancienne encore, celle des fées !
« La fois-là, au temps où la terre de Salm ne s’appelait pas encore la terre de Salm, les fées qui l’habitaient voulurent rendre visite à leurs cousines du Ban de la Roche, qui ne s’appelait pas encore le Ban de la Roche. Le problème, c’est qu’il y avait la Bruche à traverser, et que les fées ne savaient pas nager. Elles parlèrent de leur problème aux Saintes Pierres, qui tinrent chapitre pour délibérer du sujet. Toutes se tournèrent vers la Haute Pierre de Salm, qui était la plus concernée car elle habitait sur le bord même de la Bruche. » Il me semble « , dit la Haute Pierre de Salm, » que cela ne me dérangerait guère, de supporter un léger pont invisible où les fées pourraient passer en toute sécurité. » Les autres pierres en furent d’avis, et ainsi fut fait. La Haute Pierre était assez plate. Les fées y adossèrent aisément leur pont, qui s’appela le Pont des Fées. Elles y circulèrent sans problème pendant de nombreux siècles, et c’était plaisir de les voir se rendre visite d’une rive à l’autre de la Bruche, en personnes aimables, polies et bienveillantes. Certes, jamais celles du Ban de la Roche, qui ne s’appelait pas encore Le Ban de la Roche, n’auraient traité leurs cousines d’en face de sales papistes, pas plus que celles de Salm n’auraient traités les autres de hapolottes !
Puis, vint l’époque des procès en sorcellerie. Comme on le sait, les procès de sorcellerie étaient précédés par une phase de rumeurs couvant à bas bruit, de calomnies à demi-formulées contre lesquelles il est impossible de se défendre. Celle contre les Hautes Pierres démarra secrètement, dans les papiers de l’autorité, documents comptables et autres, papiers que les Pierres ne risquaient pas de contredire puisqu’elles ne savaient même pas ce que c’était. Insensiblement, pour les nommer, on passa de l’expression Hautes Pierres, ancienne, et respectueuse, à des expressions telles que Chaudes Roches, ce qui insinue sans le dire qu’elles contiennent les feux de l’enfer, ou Chattes Pierres, ce qui laisse entendre qu’elles se transforment en chattes comme le font les genaxes.
Le sommet fut atteint quand la Haute Pierre de Salm fut appelée Roche de Chatte Pendue, ce qui, aux calomnies précédentes, ajoute l’idée que l’on vient s’y pendre. L’affaire de la Chatte Pendue était grave. Pour étayer leurs calomnies, les accusateurs anonymes eurent un jour l’idée de sacrifier une pauvre bête, une chatte que l’on trouva effectivement pendue un jour à la pierre. Plus grave encore, la chatte était affublée des guenilles d’une pauvre vieille que l’on ne revit plus. On alla raconter que la chatte était la vieille sous sa forme de sorcière, qui se serait emmêlée dans la pierre, et pendue par accident, en se rendant au Sabbat. C’est ce que l’on fit croire aux gendarmes du Comte de Salm pour expliquer sa disparition et, pour faire bon poids, on affirma avoir trouvé un balai au pied de la pierre.
Source : contes et légendes de Lorraine