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Aqueduc et bains de l’antique Divodurum Mediomatricorum

aqueduc Metz

L'aqueduc gallo-romain à Ars-sur-Moselle (Crédits photo : Joseph ADAMO pour le Groupe BLE Lorraine)

Les Méridionaux ont le Pont du Gard … Et les Lorrains, eux, ont l’aqueduc de Gorze. Certes, ce dernier est moins bien conservé que le célèbre ouvrage qui enjambe le Gardon et qui apportait l’eau nécessaire aux habitants de Nîmes, mais il n’empêche que ses vestiges suffisent à témoigner du courage et de l’ingéniosité dont les Romains savaient faire preuve, lorsqu’il s’agissait d’améliorer un tant soit peu le confort des habitants de Divodurum.

Divodurum, justement ! Littéralement, « l’enclos des dieux ». C’est sous ce toponyme que Tacite et quelques autres auteurs latins désignent la ville qui, par la suite, allait prendre le nom de Metz. Conquise par les légions de César au milieu du Ier siècle avant Jésus-Christ, la cité, ancienne capitale du peuple gaulois des Médiomatriques, connaît un essor rapide dans les premiers siècles de notre ère. Il faut dire que, juchée au sommet d’une colline encadrée par la Seille et la Moselle et située au carrefour des principaux axes commerciaux, cette place forte jouit d’une situation privilégiée. Les Romains vont donc s’appliquer à l’agrandir, principalement vers le Sud, ainsi qu’à l’embellir, en y construisant des temples, un forum, un marché, mais aussi et surtout des thermes et des fontaines.

Or, qui dit thermes dit nécessairement eau. Le site de Metz offrant peu de sources et l’eau des rivières voisines étant impropre à la consommation, les ingénieurs hydrauliques romains finissent par se tourner vers la Source des Bouillons, qui jaillit au fond d’un vallon perdu, au pied de la côte Mouza, mais à une vingtaine de kilomètres de Divodurum !

Qu’à cela ne tienne ! Impossible n’est pas romain ! Au début du IIème siècle de notre ère, peut-être sous les règnes de Trajan ou d’Hadrien, on décide la construction d’un aqueduc afin d’acheminer, de Gorze jusqu’à Metz, l’eau potable nécessaire aux habitants de la cité. La conduite, longue d’environ 22 kilomètres, n’est certes pas la plus grande du monde romain – l’aqueduc du Gier, qui alimentait Lugdunum (Lyon) en eau, était long de 75 kilomètre -, mais elle demeure pour l’époque une véritable prouesse, dans la mesure où elle a su résoudre l’épineux problème du franchissement de la Moselle. En effet, la Source des Bouillons est située en rive gauche de la Moselle. Tandis que Divodurum, lui, s’est construit en rive droite du fleuve.

De la source, où l’eau était captée dans une sorte de bâtiment auquel il était, pour des raisons sanitaires, strictement interdit d’accéder, l’eau était acheminée dans une sorte de tunnel, le long d’une pente très faible, puisque l’eau descendait d’environ un mètre par kilomètre parcouru.

Après ce premier parcours souterrain d’une douzaine de kilomètres, la conduite aboutissait à une sorte de vaste bassin de filtrage dont on peut toujours voir les traces, à proximité de la petite ville d’Ars-sur-Moselle. De ce bassin, l’eau partait ensuite dans une autre conduite, qui enjambait la Moselle sur un pont-aqueduc d’environ 1 100 mètres de long et qui ne comptait pas moins de 110 arches !

Arrivées en rive droite de la Moselle, les eaux de Gorze subissaient une nouvelle décantation, avant de filer plein Nord, sur un peu plus de neuf kilomètres. La conduite entrait alors dans la ville de Metz probablement dans les environs de l’actuel Centre Pompidou. De là, l’eau était redistribuée dans les différentes fontaines, ainsi que dans les thermes de la ville dont on sait qu’ils étaient situés sur la colline Sainte-Croix, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui le Musée de la Cour d’Or. Là, dans l’Antiquité, Romains et descendants de Gaulois pouvaient s’adonner à leur passe-temps favori. Après quelques exercices physiques dans la palestre (une sorte de gymnase), on allait se détendre dans le tepidarium (salle tiède), puis on passait dans le laconicum ou sudatorium (respectivement, des sortes de hammam et de sauna) avant de se plonger dans les eaux presque brûlantes du caldarium. Puis on repassait dans le bain tiède, avant d’aller raffermir le corps dans le frigidarium, un bain froid aux vertus thérapeutiques.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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