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Tradition des Saints de Glace en Lorraine

Selon des croyances européennes qui remontent au Haut Moyen-âge, les fameux Saints de Glace, Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais, fêtés les 11, 12 et 13 mai, sont censés apporter les toutes dernières gelées de l’hiver.

La tradition des Saints de Glace reste très présente dans nos contrées. Cette croyance qui mêle vies paysanne et religieuse remonte aux périodes troubles du Haut Moyen-âge. A partir de 470, Mamert, alors archevêque de Vienne, rétablit la fête des Rogations, dont le nom vient du latin « rogare », qui signifie demander, afin de prévenir toutes sortes de calamités naturelles qui survenaient souvent dans le courant du mois de mai. A cette occasion, les agriculteurs se retrouvaient et récitaient au cours de processions paroissiales des prières pour protéger les cultures durant ces jours critiques. Les paysans espéraient avant tout une bonne récolte et que leurs cultures soient protégées. Cette fête religieuse durait trois jours pendant lesquels prières et jeûnes devaient mener à la célébration de l’Ascension. Les prières ne produisant pas toujours leurs effets, la période de jeûne fût par la suite délaissée et les trois jours de Rogation devinrent simplement annonciateurs de froid. Les saints qui s’y réfèrent furent alors nommés Saints de Glaces. Les paysans évitaient de semer et de planter avant ces dates. Comme les gelées ne s’arrêtaient pas toujours le 13 mai, d’autres saints furent associés aux dictons. Par exemple, le 14 mai, « le bon Saint Boniface entre en brisant la glace ». De même, le 20 mai, « s’il gèle à la Saint Bernardin, adieu le vin ». Ou encore le 25 mai, « Mamert, Pancrace et Servais sont les trois Saints de Glace, mais Saint Urbain les tient dans sa main ».

Saints de Glace
Saint Mamert, gravure extraite de Little Pictorial Lives of the Saints, Benzinger Brothers (1878)

Le changement dans le calendrier date de 1960. L’Eglise catholique romaine a en effet décidé de remplacer les saints associés aux inquiétudes agricoles, que le Vatican assimilait à une réminiscence de paganisme, par d’autres saints qui n’avaient aucun lien avec ces croyances populaires, à savoir Sainte Estelle, Saint Achille et Sainte Rolande.

Selon les statistiques météorologiques, de fortes gelées sont en effet à craindre durant cette période une année sur dix et de faibles gelées une année sur trois. Il arrive aussi qu’il ne gèle pas. Les météorologistes ont essayé d’expliquer le phénomène par la présence d’anticyclones au mois de mai qui rendent le ciel plus dégagé. Faute de couverture nuageuse, la température chuterait alors souvent en fin de nuit. Les astrophysiciens avancent quant à eux que cette période coïnciderait avec une certaine position de la Terre dans son orbite autour du Soleil. Notre planète serait ainsi légèrement masquée des rayons solaires par un nuage cosmique très ténue qui ferait diminuer l’ensoleillement et l’énergie calorifique. Ce phénomène se déroulerait essentiellement les quinze premiers jours du mois de mai. Toujours est-il que beaucoup de jardiniers lorrains attendent encore aujourd’hui de franchir ce dernier cap pour effectuer certains travaux.

Saint Boniface (Crédits photo : Martin Bahmann)

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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