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Souvenirs et pain d’épices de la Saint-Nicolas

Pain d'épices de la Saint-Nicolas (Crédits photo : bienmanger.com)

C’est la Saint-Nicolas ! Saint Nicolas, le patron des Lorrains ! Le protecteur de nos pays ! C’est la Saint-Nicolas, la fête de tous les enfants sages. Combien sont-ils, de ces marmots, à avoir découvert le matin, au pied du lit ou du sapin, un petit joujou, deux clémentines, un pain d’épices ? En me posant cette question, voilà que mille souvenirs me reviennent à l’esprit. Images un peu fanées, qui datent, pour dire, du siècle dernier.

Je me souviens de chaussons dans lesquels j’avais trouvé, par un froid matin de décembre, des papillotes et un petit mot, dont l’écriture ressemblait étrangement à celle de papa. Juste à côté gisait un paquet emballé dans du papier doré. Et, dans le paquet, bien vite déballé, une petite épée de bois, grâce à laquelle je devenais, d’un coup, chevalier ou mousquetaire !

chocolat Saint Nicolas

Je me souviens aussi de la carotte et des biscuits qu’on déposait, la veille au soir, près de l’entrée de la maison. Je me demandais toujours si le grand Saint Nicolas passerait. S’il apprécierait ma lettre ou mon dessin. Et le lendemain, quelle n’était pas ma surprise en voyant que la carotte avait été croquée et que les biscuits avaient été dévorés. J’avais entendu, dans la cour de récréation, que certains enfants avaient reçu, dans leurs souliers, des crottes de lapin ou même un faisceau de triques. Cela me faisait peur. Je me demandais toujours quelle était la part de vérité. Et quelles bêtises inavouables avaient pu commettre les enfants qui recevaient pareils présents. Chez moi, heureusement, rien de tout cela. Saint Nicolas a toujours été aussi généreux que bienveillant. Un jour, il m’a apporté un livre. Un album, pas très épais, mais dans lequel était contée la longue histoire de Nicolas. Cela parlait d’un évêque, dans la lointaine Lycie, de marins de Bari et d’un moine lorrain. Cela parlait de trois enfants partis glaner aux champs. Il y avait un âne gris et le sinistre Père Fouettard. Il y avait des images colorées, qui ressemblaient un peu à celles que l’on trouve sur certains pains d’épices. Ce livre, sachez-le, a nourri ma passion pour la Lorraine. A l’instar d’une pelote de laine qui laisserait dépasser un petit bout de fil, ce livre m’a obligé à dérouler l’histoire de Saint Nicolas. Et à comprendre combien cette figure est un lien. Un trait d’union. Une passerelle entre l’Orient et l’Occident. Entre le passé et le présent.

Un lien. C’est exactement cela ! Saint Nicolas est un lien. Et il créé du lien ! Il créé du lien entre les mondes. Entre les siècles. Et il rassemble, aussi, tous les Lorrains ! Il créé du lien entre les générations. Les enfants qui rêvent de devenir grands. Et les grands qui ont gardé leurs âmes d’enfants. Ce lien-là, entre les plus âgés et les plus jeunes est de loin ce qu’il y a de plus précieux dans la Saint-Nicolas. C’est par lui que se fait le maintien de la tradition. C’est par lui que se poursuit le rêve des Lorrains. C’est pour lui que j’ai posé, hier au soir, une carotte et quelques biscuits. Carotte dévorée par un âne affamé. Et que mon fils a découvert, ce matin, avant de prendre le chemin de l’école.

Des souvenirs et du lien ! Voilà donc toute la magie de la Saint-Nicolas !

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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