Ajoutée aux annexes de la célèbre Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine que l’abbé de Senones Dom Augustin Calmet a fait imprimer à Nancy en 1728, la planche gravée présentée ci-dessous nous montre différentes monnaies médiévales en usage en Lorraine à la fin du Moyen-âge.
Deniers testons et autres patards côtoient les florins et les écus qui garnissaient alors les escarcelles des puissants. Au centre de la planche, un peu plus large que les autres pièces, on remarque une médaille frappée pour Charles de Bourgogne, celui que le XIXème siècle qualifiera de Téméraire. L’avers montre le duc, de profil, représenté à la manière des empereurs romains, entouré de la mention Dux Karolus Burgundus, c’est-à-dire Charles Duc de Bourgogne. Sur le revers, on lit sa devise : je l’ai emprins (je l’ai entrepris) et bien en aveigne (qu’il en advienne du bien), devise de sa troisième épouse, Marguerite d’York. Ces deux phrases encadrent des briquets, symbole bourguignon par excellence et le mouton de la Toison d’or, l’ordre emblématique de la puissante Maison de Bourgogne.

Ironie de l’histoire, la même planche nous montre également des monnaies lorraines, sur lesquelles figurent les symboles que la défaite du Téméraire à Nancy, le 5 janvier 1477, va pour ainsi dire consacrer. Il s’agit notamment de la croix à double traverse, que les Lorrains avaient choisi comme emblème en opposition à la Croix de Saint André bourguignonne et qui, peu à peu, va devenir « Croix de Lorraine ». Il s’agit aussi du bras armé, qui ornait également la bannière ducale de Lorraine avec la devise : « toutes pour une ». Il s’agit aussi d’éléments tels que l’Alérion, bien sûr, cet aiglon inoffensif puisque dépourvu de bec et de griffes et qui figurera sur presque toutes les monnaies ducales jusqu’à François III.
Alérions, croix double et dextrochère armé, voilà donc les symboles qui figuraient sur les pièces lorraines, il y a quelques siècles.