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Culte de Sainte Barbe en Lorraine

Statue de Sainte Barbe à la cité Belle Roche de Cocheren en Moselle (Crédits photo : Jean-Marie Guzik – Les Carnets de Moselle-Est)

Plus de 6 000 spectateurs assistèrent le 17 juillet 1485 à la première du Mystère de la vie de Sainte Barbe sur le parvis de la cathédrale de Metz. La piécette avait mobilisé 98 comédiens. La Sainte figurait avec Saint Nicolas parmi les bienheureux les plus vénérés du Moyen-âge en Lorraine. Elle fait d’ailleurs partie des quatorze saints intercesseurs de l’église catholique, c’est-à-dire le « top », ceux qui sont réputés les plus efficaces. Fêtée le 4 décembre, Sainte Barbe a toujours ses habitudes en Lorraine minière.

Heures de Toul
Sainte Barbe d’après le manuscrit messin Les Heures de Toul, vers 1437-1452 (Crédits photo : Bibliothèques Médiathèques de Metz)

Dans le fer, le charbon ou le sel, chaque mine possédait une ou plusieurs effigies de Sainte Barbe, représentée avec sa tour, sa palme et parfois son épée ou son livre. Installée en règle générale dans une niche ou à l’entrée des galeries ou des puits, ces statues étaient placées au plus près du danger que pouvaient courir ceux qu’elles étaient censées protéger. Dans une mine près de Longwy, une statue fut posée en 1930 dans une niche creusée à même le minerai, à un kilomètre de l’entrée de la galerie principale. Le coup d’œil que beaucoup ne manquaient pas de lancer à la Sainte, à chaque descente, était devenu une sorte de réflexe superstitieux. A l’approche de la date anniversaire marquant la fête calendaire, l’effigie de Sainte Barbe était lavée, apprêtée, puis remontée au jour pour être conduite en procession jusqu’à l’église. L’attachement était fort à cette statue, le plus souvent en plâtre et d’esthétique très saint sulpicienne. Chaque site s’enorgueillissait bien entendu de posséder la plus belle effigie.

L’église Sainte-Barbe de Crusnes est toute en fer (Crédits photo : Raoul GILIBERT pour le Groupe BLE Lorraine)

L’église Sainte-Barbe de Crusnes occupe quant à elle une place singulière dans le paysage minier lorrain. Sa construction avait été décidée par la société De Wendel. Sa première pierre fut posée en 1938. L’église s’inscrit dans une perspective coloniale, puisqu’elle a été imaginée comme un prototype d’édifice destiné aux missions africaines. Architecturalement, elle propose un bâtiment de conception particulièrement audacieuse, entièrement en métal. Son chemin de croix a été réalisé à partir de blocs de minerai remontés du fond. L’église devait pouvoir être transportée, montée et assemblée le plus aisément possible sous des latitudes climatiques parfois difficiles. A Crusnes, au cœur du bassin ferrifère, elle endosse un habit symbolique particulièrement fort. Classé Monument historique en 1989, l’édifice, unique en Europe si ce n’est au monde, a bénéficié d’une restauration complète à partir de 1998. Les panneaux peints par Nicolas Unstersteller ont été restaurés en 2007.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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