A quelques kilomètres de Vaucouleurs, le village de Montbras, initialement appelé « Bras », possède l’un des plus imposants châteaux du secteur.
Possession de la famille de Bourlémont au XIVème siècle, le village abritait alors un château féodal qui devait certainement ressembler à ceux de Gombervaux ou de Ruppes, à en croire un document datant de 1720. Mais à la fin du XVIème siècle, cette bâtisse médiévale était soit délabrée, soit passée de mode. En 1598 en effet, Claude II de Verrières et sa jeune épouse Louise des Salles, le mariage avait été prononcé deux ans auparavant, acquièrent le Domaine de Bras et décident de la construction d’un nouveau château. Louise des Salles ne verra hélas pas la fin des travaux. Elle meurt en 1611, sans enfant et, le 7 octobre de la même année, Claude de Verrières se remarie à Julia della Valle, une jeune noble originaire de Mantoue et dont la famille s’est installée en Lorraine en suivant Marguerite de Gonzague, l’épouse du Duc de Lorraine Henri II.
Sur le plan architectural, le château de Montbras forme actuellement un L, à l’angle Nord-Est d’une terrasse qui surplombe le Canal de la Roche. Mesurant environ soixante mètres de côté, la terrasse était à l’origine bordée de bâtiments sur ses quatre côtés. Mais on sait qu’en 1720 déjà, l’aile Sud, qui comptait une chapelle, hélas incendiée au XVIIème siècle, et la partie occidentale de l’aile Nord, avaient disparu. L’aile Ouest disparaît quant à elle avant 1754. Le corps de logis qui subsiste a été maintes fois remanié. La création d’un oratoire autour des années 1880 a par exemple modifié la façade extérieure de l’aile Sud. Malgré ces changements, des éléments défensifs subsistent, notamment sur le four à pain et la tour carrée. Au centre de la cour, un puits profond de 22 mètres, aujourd’hui, comblé assurait l’approvisionnement du château en eau.

C’est surtout la cour du château qu’il faut prendre le temps d’admirer. La façade sur cour de l’aile Nord mérite en effet quelques explications. Bien que remaniée au XVIIIème siècle, elle présente encore d’intéressants éléments de la Renaissance, notamment l’ordonnancement de la façade. Des pilastres cannelés, coiffées de chapiteaux ioniques au rez-de-chaussée et corinthiens au premier étage donnent à l’ensemble un je ne sais quoi d’italien. Ils encadrent des fenêtres à meneaux, mais aussi des niches dans lesquelles ont été placées, au XIXème siècle, des statues figurant probablement quelques déesses de la mythologie antique. La porte centrale a elle aussi été modifiée au XIXème siècle. Son liteau porte les armes de la famille de Chanteau, lesquelles sont certainement venues remplacer le blason, bûché, de Claude de Verrières.
L’autre façade, qui domine les anciens fossés secs, se singularise par la présence, dans ses élévations, d’une galerie en mâchicoulis. Le surplomb est donné par des consoles ornées de visages, tous différents. Le portail Nord, dont il reste quelques vestiges, était à l’origine le seul accès à la cour du château. Il se présentait sous la forme d’une large porte cochère, flanquée de deux portes piétonnes. L’ensemble, monumental, s’inspirait peut-être de la porte de la citadelle, à Nancy. Pilastres doriques à fût cannelés, trophées militaires sculptés en bas-relief donnaient à ce portail un air grandiloquent et pour le moins pompeux.
Le cabinet de Claude de Verrières est incontestablement la plus belle pièce du château. Cette dernière a conservé une partie de son décor Renaissance, notamment sa voûte en berceau, dont les caissons centraux sont ornés des chiffres des époux : CC pour Claude, double lambda pour Louise. Les autres caissons sont décorés de cornes d’abondances et de rinceaux de feuillages. Sur l’un des murs soutenant la voûte, on remarque également une fresque représentant six personnages coiffés de couronnes de feuillages. Intitulée Danse de Tobinambouc, la scène s’inspire de deux gravures réalisées par Pierre Firens et publiées dans un ouvrage de Joachim Duviert. Celui-ci relatait la mission que Claude d’Abbeville mena, en 1613, sur les côtes orientales du Brésil. Il revint de son voyage avec quelques indiens de la tribu des Topinambous ou Tupinambas, lesquels furent baptisés en l’église Saint-Paul, à Paris, le 17 juillet 1613. Un événement totalement anecdotique. Mais que cette fresque, unique en son genre, continue cependant de célébrer !