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L’Affaire Schnaebelé en Alsace-Lorraine

L'Alsace-Lorraine, terre d'espions pendant l'Annexion

Publié par Léon Goulette dès 1887, le livre, intitulé Avant, pendant et après l’affaire Schnaebelé, nous permet d’entrer dans ce qui fut sans doute la plus grande crise diplomatique survenue pendant l’Annexion.

Le 20 avril 1887, Guillaume Schnaebelé, un Alsacien qui avait choisi de quitter sa région natale pour rester français, est appelé entre Arnaville et Novéant, afin de constater des dégradations sur le poteau-frontière qui marque l’entrée du Reich. Il s’agit d’un guet-apens. En effet, alors que cet officier de police affecté à Pagny-sur-Moselle s’approche du poteau-frontière, deux jeunes gens surgissent des vignes pour l’appréhender. S’ensuit alors une vive empoignade, à l’issue de laquelle Schnaebelé parvient à regagner le territoire français, où il est malgré tout appréhendé.

Affaire Schnaebelé
L’affaire Schnaebelé a fait l’objet d’un ouvrage publié en 1887 par Léon Goulette (Crédits photo : Kévin GOEURIOT pour le Groupe BLE Lorraine)

Gardé à vue dans une prison allemande, Guillaume Schnaebelé est censé passer devant une cour martiale. Or, à Paris, la nouvelle de cette affaire suscite un tollé général. De quel droit le Reich peut-il juger un ressortissant français, Alsacien d’origine, certes, mais appréhendé sur le sol français, comme l’affirment François et Joseph Gautier, deux témoins qui travaillaient dans les vignes ?

Portrait de Guillaume Schnaebelé

L’affaire est montée en épingle. Le Général Boulanger, fervent patriote qui n’a toujours pas digéré la défaite de 1870, appelle à la guerre ! La crise atteint son paroxysme dans les mois qui suivent, puis finit par retomber, comme un soufflé au fromage dont on aurait percé la croûte … Car ni la France, ni l’Allemagne ne sont alors prêtes à reprendre un conflit armé.

L’affaire, malgré tout, aura marqué les esprits. Elle nous montre que la frontière tracée à l’été 1871 est loin d’être un simple trait. Guillaume Schnaebelé décéda à Nancy en 1900, décoré de la Légion d’Honneur. En 2005, un pont qu’emprunte le TGV, à Pagny-sur-Moselle, a été baptisé du nom de Guillaume Schnaebelé.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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