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Ma Lorraine à moi

mirabelles de Lorraine

Ma Lorraine à moi a quelque chose d’italien. De florentin même. Quelque chose de toscan, ou de vénitien. Car oui, lorsque je flâne dans les rues de Bar ou de Saint-Mihiel, je me dis que le tiède vent du Sud a amené chez nous un peu de ce génie transalpin. De cette gracieuse Renaissance dont semblent pétries les œuvres de Ligier Richier et quelques hôtels particuliers, sur la façade desquels des putti s’enroulent dans des guirlandes fleuries.

Ma Lorraine à moi a aussi quelque chose de puissamment germanique. Quelque chose d’allemand, qui envoûte l’âme pour peu que l’on aille flâner du côté du Warndt, le long de la Sarre ou dans les sombres forêts du Pays de Bitche. L’accent, là-haut, est plus guttural et l’esprit se prend à rêver de dragons et de chevaliers lorsqu’il erre au milieu des vieilles ruines qui flamboient dans la lumière dorée d’une belle soirée d’été.

Ma Lorraine à moi a quelque chose de français. Une sorte de douceur angevine. Un petit parfum parisien qui transpire un peu le long des boulevards de Nancy. Mais également un relent de patriotisme cocardier, qui crève les yeux lorsqu’on aperçoit ces vastes champs de croix blanches, semées sur cette terre où la France a consenti à tant de sacrifices.

Ma Lorraine à moi a quelque chose d’espagnol. Ou de flamand. Ce qui, à une certaine époque, revenait au même. Marville et la Gaume toute proche, Thionville et ses maisons de pierre blonde sont autant de machines à remonter le temps. Ici et là, c’est Charles Quint et ces lansquenets, c’est le Duc d’Albe et ses Tercios qui hantent encore les ruelles de nos vieilles citadelles.

Ma Lorraine à moi a quelque chose de montagnard. Surtout quand je la contemple du côté de l’Orient, depuis ces crêtes vosgiennes d’où la vue porte jusqu’aux sommets acérés des Alpes bernoises et de la Forêt Noire. Paradis bleuté où mûrissent les brimbelles et où paissent les chamois. Colonne vertébrale de l’antique royaume de Lothaire.

Ma Lorraine à moi a quelque d’européen. C’est une terre d’entre-deux. Un creuset où se mélangent, depuis toujours, des cultures et des influences venues d’horizons variés. Ma Lorraine à moi se moque des frontières. Elle vénère la paix. Elle méprise la guerre. Ma Lorraine à moi, c’est celle de Charlemagne, celle d’une glorieuse lignée ducale. Celle de Robert Schuman. C’est la terre de mes aïeux. Ce que je lui donne, elle me le rend au centuple. Et c’est pour cela que je l’aime ! Ma Lorraine à moi.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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