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Des insectes de Lorraine

A l’image de ses insectes, la Lorraine abrite une biodiversité insoupçonnée, qui dénote vite avec une province froide et pluvieuse. Entre 2 300 et 2 500 espèces de papillons sont par exemple présentes en Lorraine. Une richesse incroyable qu’il convient de préserver.

Le réchauffement climatique bouleverse la faune et la flore en Lorraine. Les insectes sont les premiers à migrer et à changer d’aires de répartition. Chenilles processionnaires ou encore frelons asiatiques, observer des insectes d’autres contrées en Lorraine était inimaginable il y a encore quelques années. C’est aussi le cas de l’anax napolitain, une libellule, que l’on trouvait en Europe du Sud, avant de la voir arriver en Bourgogne et maintenant en Lorraine. De la même manière, le sphex du Mexique est une petite guêpe originaire d’Amérique centrale. Arrivée par bateau du Mexique, celle-ci est remontée depuis le Sud de l’Hexagone à la faveur de la canicule de 2003. Présente depuis plusieurs années en Lorraine, elle est le symbole du réchauffement climatique. Elle peut désormais survivre aux hivers de plus en plus doux.

papillons
La Lorraine compte près de 2 500 espèces de papillons (Crédits photo : Patrice GREFF pour le Groupe BLE Lorraine)

La Lorraine est aussi une terre de prédilection de la mante religieuse et de la cigale des montagnes. Ces espèces ont depuis longtemps colonisé les coteaux ensoleillés de nos pelouses calcaires. Leur présence sous des cieux aussi septentrionaux s’explique ici par la nature du sol argilo-calcaire des coteaux lorrains. Très perméable, ce dernier facilite l’infiltration des eaux de pluie, ce qui créé un milieu très sec sur lequel ne poussent que des plantes méridionales. Cette Lorraine méditerranéenne abrite par ailleurs l’un des plus gros papillons de jour européen, à savoir le Flambé.

Accouplement d’anax napolitains (Crédits photo : Flo Morel Nature)

Reconnaissable entre toutes, la mante religieuse, dénommée ainsi par la tradition chrétienne en raison de ses pattes antérieures qu’elle replie comme pour prier lorsqu’elle est à l’affût d’une proie, a depuis quelques années colonisé l’ensemble de la Lorraine. On la retrouve surtout sur les pelouses calcaires de Moselle et de Meuse. Le nombre d’individus observés dans le Warndt et en Moselle-Est a par ailleurs explosé, notamment dans la Carrière Barrois à Freyming-Merlebach, mais aussi dans les jardins de Carling et à proximité des carrières de Forbach. Il faut dire que l’espèce apprécie particulièrement les terrains secs, ainsi que les sols sableux et herbeux bien exposés. Insecte typiquement méditerranéen, la mante religieuse est primitivement originaire d’Afrique. Longue de cinq à huit centimètres, elle possède des yeux protubérants et très écartés qui lui offrent une excellente vision en relief, c’est-à-dire comme l’être humain. Parfois surnommée le tigre de l’herbe en raison de sa voracité légendaire et de sa capacité à chasser mouches, criquets, abeilles et autres papillons, elle est également connue pour avaler les mâles avec lesquels elle s’accouple en commençant son festin par la tête ! La remontée vers le Nord de cet insecte diurne participe désormais pleinement à la diversité des insectes de Lorraine.

Sauterelle (Crédits photo : Pierre LEHMANN pour le Groupe BLE Lorraine)

Les milieux humides de Lorraine regorgent également de nombreux insectes remarquables, à l’image du nacré de la canneberge, papillon extrêmement rare qui dépend exclusivement des tourbières dans lesquelles il évolue. Ses chenilles ne se nourrissent en effet que de canneberge, plantes qui poussent dans les milieux humides vosgiens. Le sphinx gazé constitue un autre insecte insolite observable en Lorraine. Son vol stationnaire peut faire croire à un colibri.

Sphinx butinant une fleur (Crédits photo : Patrice GREFF pour le Groupe BLE Lorraine)

En hiver, les insectes deviennent totalement invisibles. Ils peuvent soit rester sur place, soit se reproduire ou mourir, soit, dans de très rares cas, migrer. Les abeilles se regroupent par exemple dans un abri et forment une grappe compacte, afin de maintenir une température constante au milieu et de se réchauffer. Durant cette période, elles consomment le miel de la ruche. Pour des raisons d’hygiène, elles retiennent leurs excréments jusqu’à la prochaine sortie au printemps. La coccinelle se cache quant à elle sous l’écorce des arbres ou dans des tas de bois ou de feuilles dans des états de semi-léthargie. Cependant, la grande majorité des insectes hiberne sous forme d’œuf, de larve ou de nymphe. Ce phénomène est appelé la diapause. Il consiste en un arrêt du développement consécutif à la diminution du jour. Pour reprendre une forme normale, la durée du jour doit franchir un certain seuil, variable selon les espèces. Enfin, plusieurs insectes, dont les pucerons et les papillons, sont par contre dans l’incapacité de passer l’hiver. Afin de perpétuer leur lignée, ils déposent leurs œufs à l’abri des rigueurs de l’hiver, afin que le moment venu, ils puissent se développer et participer à leur tour au cycle de la vie.

Coccinelles et pucerons (Crédits photo : Patrice GREFF pour le Groupe BLE Lorraine)

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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