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Dispersion du mobilier Prouvé de la Maison Gauthier à Saint-Dié-des-Vosges

La Maison du Docteur Gauthier à Saint-Dié-des-Vosges (Crédits photo : Espaces Atypiques)

L’ensemble du mobilier Prouvé de la Maison Gauthier construite sur les hauteurs de Saint-Dié-des-Vosges a été dispersé lors d’une vente aux enchères dédiée à Victor et à Jean Prouvé, ainsi qu’à des artistes de l’Ecole de Nancy le 13 février dernier à l’hôtel des ventes Anticthermal de Nancy. Plusieurs pièces se sont notamment envolées pour la Corée du Sud.

Située au lieu-dit de la Tête de Saint Roch, la Maison Gauthier a été entièrement construite et meublée en 1962 par Jean Prouvé pour sa fille Françoise, épouse du Docteur Pierre Gauthier. Le petit-fils de cette dernière a décidé de se débarrasser de ce patrimoine inestimable tout en arrondissant certainement confortablement ses fins de mois au regard de la cote déraisonnable atteinte par les objets signés Prouvé sur le marché de l’art. La maison, d’une superficie de 270 mètres carrés et classée aux Monuments Historiques, a ainsi été mise en vente il y a quelques mois initialement au prix de 1,7 millions d’euros. Le mobilier, qui n’avait jamais quitté la demeure, a été quant à lui mis en enchères. On y retrouvait notamment quatorze chaises, une table de salle à manger, des guéridons, un lit en toile d’acier, un bahut à portes coulissantes, un bureau à caisson en bois et en tôle d’acier pliée, un pupitre d’écolier ou encore de très rares fauteuils visiteurs. Tout cela a été éparpillé à travers le monde pour un montant de 1,5 million d’euros, honoraires compris. Et même à plus de 1,7 million d’euros en intégrant les autres pièces de Gallé, Daum, Chapo, etc. proposées au catalogue de vente.

mobilier Prouvé
Intérieur de la Maison du Docteur Gauthier à Saint-Dié-des-Vosges (Crédits photo : Espaces Atypiques)

Certaines institutions lorraines ont tenté de se mobiliser pour acquérir des œuvres et du mobilier de la Maison Gauthier. Mais elles n’ont malheureusement rien pu faire ou presque face à la flambée des prix et face aux surenchères d’acteurs internationaux. Le Musées des Beaux-arts de Nancy avait cela dit contacté Rémi Gauthier avant la vente aux enchères pour négocier une vente en direct. Mais ce dernier a préféré laisser s’exprimer la concurrence internationale. L’établissement nancéien pouvait miser jusqu’à 80 000 euros pour acquérir l’un des quatre fauteuils Prouvé, soit l’équivalent du budget annuel cumulé consacré aux acquisitions du Musée des Beaux-arts et du Musée Lorrain. Certains de ces fauteuils partiront finalement pour la Corée du Sud, afin d’enrichir des collections privées de passionnés de Jean Prouvé. Trois maisons Prouvé ont d’ailleurs été remontées dans ce pays. La Communauté d’Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges a tant bien que mal limité le massacre en achetant un petit sujet signé Mougin pour 1 200 euros, un portrait de Françoise Prouvé peint par Victor Prouvé pour 1 600 euros, ainsi qu’un fusain représentant Françoise Prouvé réalisé par ce même Victor Prouvé. Une bien maigre consolation au regard de l’immense perte artistique et culturelle pour la ville. L’apothéose de la carrière du commissaire-priseur pour reprendre ses propres mots. Un drame patrimonial incommensurable pour la Lorraine. Ni le premier, ni le dernier.

Rédigé par Rédaction BLE Lorraine

La Rédaction du Groupe BLE Lorraine, premier média et think tank indépendant de Lorraine.

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