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Le cristal des rois à Baccarat

Lustre de luxe en cristal en Baccarat (Crédits photo : Cristallerie de Baccarat)

C’est l’une des étapes incontournables de la Route du Verre et du Cristal en Lorraine et l’une des plus célèbres cristalleries du monde. Depuis 1764, la cristallerie de Baccarat perpétue son génie créatif. Un fleuron du luxe qui s’exporte partout sur la planète et qui continue de séduire les plus grands de ce monde. A tel point que Baccarat est surnommé le cristal des rois. Rarement le nom d’une commune n’a autant résonné à l’international.

Indissociable de la marque et de sa manufacture, Baccarat est pourtant une petite ville lorraine de près de 4 500 habitants. Sa cristallerie compte à elle seule 632 salariés, dont une vingtaine de Meilleurs Ouvriers de France (MOF). Son histoire séculaire commence en 1764 quand l’Evêque de Metz, Louis de Montmorency-Laval obtient du Roi de France Louis XV l’autorisation de créer une verrerie sur les bords de la Meurthe à Baccarat. Cette industrie apparaît en effet comme le débouché idéal pour écouler le bois des immenses forêts qu’il possédait en chauffant les fours. Le bois était alors transporté sur la rivière par flottage. Les quatre premiers fours de la verrerie furent allumés en 1765. La cloche de la halle à chaud sonnait à l’aube pour avertir les ouvriers logés sur place que le cristal était prêt dans les pots. La société prit le nom de Verreries Sainte-Anne en 1775, avant d’être en transformée en cristallerie en 1816. Elle employait déjà plus de 300 ouvriers en 1817. A la fin du XVIIIème siècle, la cristallerie de Baccarat est reconnue comme le plus bel établissement du genre en Europe aux côtés de Saint-Quirin et de Saint-Louis.

En 1823, le cristal de Baccarat fit sensation au cours de l’exposition nationale des produits de l’industrie. Le Roi Louis XVIII fut lui-même ébloui par la beauté des pièces présentées par la manufacture. Si bien que peu de temps après cette évènement la cristallerie de Baccarat reçut ses premières commandes royales. Sa réputation de cristal des rois commençait ainsi à naître.

Baccarat franchit un nouveau cap en 1827 lorsque la cristallerie présenta pour la première fois ses luminaires. En habillant la lumière de cristal, l’établissement démontra toute sa capacité d’innovation et sa force créatrice. Entre splendeur, démesure et exubérance, le tout Paris s’enflamma alors pour les lustres en cristal de Baccarat. La cristallerie lorraine acquit définitivement ses lettres de noblesses pour son luxe et son raffinement. A tel point que sa renommée dépassa les frontières pour s’exporter à partir des années 1830. La manufacture reçut ses premières commandes à l’international, comme par exemple pour le Palais de Dolmabahce à Istamboul, résidence du sultan. Outre ses lustres, ce dernier, qui s’étend sur 45 000 mètres carrés et compte 285 pièces, reste mondialement connu pour son célèbre escalier en cristal de Baccarat.

Palais de Dolmabahce
Lustre et escalier d’honneur en cristal de Baccarat au Palais de Dolmabahce à Instamboul (Crédits photo : Peace01234)

La cristallerie de Baccarat continua de surprendre lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1855, au cours de laquelle elle présenta un nouveau lustre de 140 lumières qui reçut une médaille d’or. La manufacture fût également la première à maîtriser le cristal de couleur grâce à l’ajout d’oxydes métalliques au mélange vitrifiable. Bleu céleste ou vert émeraude, c’est pourtant le cristal rouge rubis qui fit la signature de Baccarat. Celui-ci se décline même en parfum avec le Rouge Baccarat 540. Pour obtenir cet éclat de roi, les maîtres verriers ajoutent encore de l’or pur au mélange. Le Tsar de Russie Alexandre II en personne fût conquis par ces réalisations de prestige lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1867, en particulier par deux vases rouges rubis en allégorie de l’eau et de la terre gravés de la main de Jean-Baptiste Simon, l’un des plus grands graveurs de l’histoire. C’est à partir de ce moment-là que les commandes russes participèrent au développement économique de la cristallerie lorraine, devenue la plus prestigieuse au monde, et à son succès à l’international. Un service dit « Du Tsar » fut créé en 1906 et un nouveau four, spécialement dédié aux commandes russes, fut construit en 1896. La table du Tsar étant devenue une véritable vitrine du savoir-faire de Baccarat pour les empereurs et les souverains du monde entier qui y étaient invités. Afin de soutenir cette croissance, notamment en Orient, un comptoir fut ouvert à Bombay en 1886 et un ingénieux réseau de clients-marchands fut mis en place par la manufacture. On raconte que le Maharadjah de Gwalior avait acquis dans les années 1930 un lustre en cristal de Baccarat dénommé « Hall oriental ». Mais lorsqu’il fut suspendu, le plafond du palais indien s’écroula et brisa le luminaire de légende. Le Maharadjah ordonna alors de reconstruire un palais et fit hisser sur son toit le plus lourd de ses éléphants pour éprouver la solidité de l’édifice avant de remplacer le lustre.

Plus récemment, un Hôtel Baccarat a été construit à New York en face du célèbre Musée d’Art Moderne dans le quartier de Manhattan. Le gratte-ciel abrite un rideau de cristal de 38 mètres qui ondule et brille de sa lumière éclatante. L’hôtel dispose de 114 chambres et suites, d’un restaurant et d’un spa luxueux.

A noter que la manufacture lorraine s’est également distinguée pour sa politique sociale, pionnière pour l’époque, puisqu’elle créa en 1835 une caisse de prévoyance pour ses ouvriers de la taillerie, puis une caisse de retraite en 1851, avant d’ouvrir des écoles gratuites pour les enfants de ses employés. Aujourd’hui, l’usine n’est malheureusement pas ouverte aux visites. Vous pouvez cela dit pénétrer à l’intérieur du site verrier, situé en face du Musée du Cristal, pour voir les habitations des verriers qui sont logés par la cristallerie au cœur d’un parc de six hectares. Exempts de loyer depuis 1823, ces logements accueillent de nos jours encore soixante familles.

Il est néanmoins possible de visiter le Musée du Cristal qui a été aménagé dans l’ancienne demeure des Directeurs de la manufacture. Rénové en 2015, il a été imaginé comme la résidence d’un collectionneur et présente dans quatre salles plus de 250 chefs-d’œuvre récompensés lors de différentes Expositions Universelles. Toutes ces pièces exceptionnelles témoignent du savoir-faire de Baccarat depuis plus de 250 ans.

Situé sous le pont de Baccarat, le Pôle Bijou accueille depuis 2003 trois expositions temporaires par an pour découvrir l’univers du bijou. Sa galerie de 200 mètres carrés met notamment en avant le talent et la créativité de jeunes artistes bijoutiers. Le Pôle Bijou présente jusqu’au 31 décembre 2020 une magnifique collection de flacons de parfum. Cette exposition se veut le prélude au futur Musée du Flacon de parfum de Baccarat qui doit s’installer dans l’ancien château de Gondrecourt. La collection est celle de George Stam qui a accumulé en une trentaine d’années un magnifique trésor.

Futur Musée du Flacon de parfum de Baccarat au château de Gondrecourt (Crédits image : Ludmilla Cerveny – Architectes Chartier Corbasson)

Non loin de là, l’église Saint-Rémy constitue elle-aussi un incontournable à visiter à Baccarat. Chef-d’œuvre contemporain du XXème siècle, elle fut entièrement reconstruite après un bombardement de 1944. Véritable ovni architectural, la forme de l’édifice est révolutionnaire avec son clocher, dont la pointe semble sortir du lit de la Meurthe pour rejoindre le ciel, et sa toiture à deux étages. L’église attire depuis des touristes du monde entier qui viennent admirer ses vitraux en cristal de Baccarat. Composés de 20 000 pièces de cristal de plus de cinquante teintes différentes, ces vitraux symbolisent la Trinité. D’où l’omniprésence de triangles.

Les vitraux en cristal de l’église de Baccarat font penser à un langage extraterrestre (Crédits photo : Ugo SCHIMIZZI pour le Groupe BLE Lorraine)

La Tour des Voués est quant à elle l’un des édifices les plus anciens de Baccarat. Elle doit son nom à Henri, Comte de Blâmont, vassal, ou voué, de l’Evêque de Metz, qui l’a fit construire en 1305. Elle faisait à l’époque plus de trente mètres de haut et ses murs sont épais de 2,80 mètres. D’inspiration flamande, le magnifique Hôtel de Ville de Baccarat fut de son côté bâti après la Première Guerre mondiale sur les ruines d’un ancien château ayant appartenu à la famille Michaut. Il abrite également plusieurs lustres en cristal, ainsi que des tableaux de différents peintres lorrains. Il est aussi possible d’y consulter une impressionnante généalogie des maires et des adjoints de la cité qui remonte à 1597.

Enfin, avant de repartir de Baccarat, n’hésitez pas à faire un tour à la boutique officielle de la cristallerie, ainsi que chez Vessière Cristaux, spécialiste du cristal depuis 1882, afin d’emporter avec vous un petit souvenir.

(Article sponsorisé par Vessière Cristaux)

Rédigé par Rédaction BLE Lorraine

La Rédaction du Groupe BLE Lorraine, premier média et think tank indépendant de Lorraine.

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