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Le club de football de Boulay-Moselle fête ses cent ans

Le CA Boulay fête son centenaire en 2020 (Crédits photo : Club Athlétique de Boulay)

La réputation du Club Athlétique de Boulay (CAB) a largement dépassé les limites du District Mosellan. Le club fête cette année son centenaire. Découvrons son histoire en grand format à travers la vie d’un de ses bénévoles depuis quarante et de son emblématique gardien de but.

Un centenaire en apothéose

La Coupe de France, la plus prestigieuse des coupes nationales françaises, a toujours fait rêver. Le CA Boulay a fêté son centenaire de la plus belle des manières en atteignant le huitième tour de la compétition.

Parmi la cinquantaine d’associations de Boulay, le CAB est une fierté qui dépasse largement les limites de cette sous-préfecture de 6 000 habitants. Un club dynamique, des infrastructures modernes, des résultats honorifiques : avec douze équipes, 410 licenciés et 80 bénévoles, le club de football fête cette année ses cent ans. Voici un siècle, le Football Club Boulageois était une composante du Cercle Athlétique Saint-Etienne de Boulay, où se côtoyaient gym et tir. Ce n’est qu’en 1920 que le club devient CAB et en 1921 qu’il est officiellement affilié à la Fédération Française de Football (FFF). Les festivités du centenaire se déroulent tout au long de la saison 2019-2020 et ont commencé par un épisode imprévu mais au combien heureux avec la qualification pour le huitième tour de la Coupe de France, une première, contre l’US Raon-l’Etape, club de N3. « La Coupe de France reste un moment magique, tout le monde est derrière nous », rappelle Henri Garni, président du CAB depuis 27 ans.

Le CAB, après avoir éliminé Sarreguemines (N3), Saint Avold (R1) et le CS Meaux (R1), s’est qualifié pour le huitième tour de la Coupe de France. « On a déjà connu une saison exceptionnelle l’an passé malgré la finale de la Coupe de Lorraine perdue. En championnat, on a tenu la dragée haute au FC Metz 2 », ajoute le président. Toute la ville de Boulay est derrière les « jaunes et noirs ». Plus de 800 spectateurs avaient envahi le Stade Charles Muller, enceinte fétiche, et 350 supporters avaient fait le déplacement à Raon-l’Etape. Même battus 6 à 2, les Boulageois ont écrit la plus belle page de leur histoire. Ce nouvel exploit fait entrer le club dans une autre dimension sur le plan sportif. Actuellement sixièmes en R1, les poulains de Dimitri Dawiskiba viennent de réaliser un nouvel exploit en coupe régionale en éliminant les héros de la Coupe de France, à savoir les Spartiates de Hombourg-Haut (R3).

Quarante ans de bénévolat dans un club centenaire

Faire sans obligation et gratuitement, telle est la définition de bénévole, synonyme de volontaire, désintéressé et gracieux. Cela fait quarante ans qu’Hubert Guiot applique ces principes et se dévoue corps et âme pour son club de foot chéri, le CAB.

Hubert Guiot
Hubert Guiot, bénévole depuis quarante au CA Boulay (Crédits photo : Jean-Marie MATHE pour le Groupe BLE Lorraine)

Sans ses bénévoles, un club sportif ne peut pas vivre. Au Club Athlétique de Boulay, il y a parmi eux Hubert Guiot, 70 ans, mordu de foot depuis l’âge de huit ans et entré au club en 1980. D’abord délégué chargé des équipes de jeunes, il est par la suite devenu responsable de l’intendance. « Je m’occupe de tous les achats, paie les arbitres, mets en place les équipes de bénévoles, gère toutes les manifestations et organise tous les déplacements », explique ce fan du FC Metz, où il a joué en junior, tout en ajoutant : « L’année 2019 a été riche en événements et en travail : finale de la dernière Coupe de Lorraine, qualification historique pour le huitième tour de la Coupe de France et début des festivités du centenaire du club qui se poursuivent cette année ».

Bientôt la N3 ?

Le club a des bases solides et l’ambiance y est bonne. Le vœu le plus cher d’Hubert Guiot serait la montée de l’équipe première, bien que vieillissante, en N3. Aujourd’hui, le CAB au budget de 230 000 euros, dont 17 500 euros de subventions municipales, est en R1 (ex-Honneur), le plus haut niveau jamais atteint. Son équipe B est en R1 et la C en Première Division de District, le niveau où était le club à son arrivée. Hubert Guiot est même devenu, l’espace de deux ans (1982-1983), le président du CAB, alors que la situation financière était catastrophique. Sponsor du club, son entreprise de plomberie en a d’ailleurs pris un coup. Seule infidélité à son club de cœur durant ces quarante ans, une pige de quelques mois au FC Coume, situé à six kilomètres de Boulay.

Une fidélité récompensée

« Je continuerai tant que je pourrai », dit-il, lui qui a déjà organisé un gala de catch et aurait aimé faire venir Johnny Hallyday. Suivre les entraînements, faire des déplacements. Tous les jours au Club House, Hubert est omniprésent même si, certaines nuits, il ne dort pas beaucoup comme les veilles de matches de Coupe de France. « Le club, le foot, c’est tout pour moi. Le CAB, c’est toute ma vie. Je ne connais pas autre chose que le foot. Mais, pas à la télé, je préfère les amateurs », confesse celui qui a été honoré, « bénévole méritant », par la Ville de Boulay en 2014 et qui collectionne les médailles pour toutes ses années données au sport et ses engagements auprès des jeunes et du club. « J’ai même été invité à l’inauguration du Stade de France. Cela fait toujours plaisir d’être reconnu. Un club sans bénévole ne peut pas survivre », conclut fièrement Hubert.

L’expo des cent ans

Le Football Club Boulageois était une composante du Cercle Athlétique Saint-Etienne de Boulay. C’est en 1920 que ce club devient le CAB. Un événement que le club veut marquer par un grand nombre de manifestations : tournoi international U18 en mai, match de gala avec le FC Metz, soirée théâtrale et repas du centenaire le 12 septembre, sans oublier une exposition itinérante. Vingt tableaux pour une rétrospective : un résumé d’un siècle de passion d’une ville pour le ballon rond.

Régis Giraldo, une vie tout foot

Il vient encore de s’illustrer en coupe régionale. Directeur des deux centres de loisirs Five à Metz et, en même, temps, dernier rempart du CAB, Régis Giraldo, 29 ans, est un « mordu » de football. Après avoir arrêté deux tirs au but contre Hombourg-Haut, rencontre avec le gardien de Boulay.

Regis Giraldo, gardien du CA Boulay et directeur des deux Five de Metz (Crédits photo : Jean-Marie MATHE pour le Groupe BLE Lorraine)

Avec un grand-père qui l’amenait voir tous les matchs du SR Creutzwald où jouait son père, il était écrit que le petit Régis allait grandir balle au pied. Joueur de champ dès six ans à Guerting, il se reconvertit gardien de but à neuf ans sur les conseils de son coach de judo. De la Troisième à la Terminale, il fréquente la Cité Scolaire Georges de la Tour à Nancy en « sport-étude », où il obtient un Bac STG en 2009. Après un BTS Assistant de gestion à Creutzwald, il décroche en 2012 à Metz une licence pro AGOAPS (Animation, Gestion et Organisation des Activités Physiques et Sportives). Parallèlement à ce brillant parcours scolaire et grâce à sa famille qui s’est beaucoup investie pour lui, Régis Giraldo joue dans de nombreux clubs : d’abord Ham-sous-Varsberg, puis l’Hôpital, le FC Metz, Saint-Avold, l’AS Nancy-Lorraine, Florange, Forbach, à nouveau Saint-Avold et enfin Boulay à l’été 2017.

Le CAB, une deuxième famille

« Après un match amical à Boulay suivi d’une soirée super conviviale, cette magnifique ambiance m’a décidé de signer au CAB. J’habite à Denting, à quatre kilomètres. Je travaille à Metz. Je ne le regrette pas », confie Régis qui ajoute : « Le Club Athlétique de Boulay est un club qui accompagne bien tout le monde et c’est un des plus structurés que je connaisse en Lorraine. Depuis deux ans et demi que j’y suis, je ne lui trouve aucun aspect négatif ». Champion de R2 en 2017, deuxième de R1 et finaliste de la Coupe de Lorraine en 2019, le club a également réalisé un parcours historique en Coupe de France. Une juste récompense pour les 80 bénévoles, véritable deuxième famille pour les 410 joueurs du club centenaire.

L’angoisse du gardien de but au moment du pénalty

Pour reprendre le titre du roman de Peter Handke, Régis ne la connaît pas cette angoisse, ni la solitude, même si le pénalty représente un moment de vérité. « Face au tireur, le ballon à onze mètres, j’aime bien la pression et je souris avant le tir. Le cours du match peut changer : cri de joie ou déception, on peut être aussi un héros », confesse Régis, beau gabarit de quasiment deux mètres et 95 kg, qui ajoute : « Même si 80 % des pénaltys se terminent en buts, il faut être réactif, le mental est important. La voix, le physique peuvent influencer ». Admirateur du portier italien Buffon, sans doute à cause du sang italien qui coule dans ses veines, mais aussi de Mondragon, gardien du FC Metz en 2000, Régis se prépare sans se prendre la tête, avec l’aide d’Eric Walker, le coach des gardiens qui fait un travail de « dingue ». « Jouer, prendre du plaisir, on n’a pas le droit de passer à côté », conclut-il, lui qui n’a eu que deux cartons rouges et peu de blessures en vingt ans de « carrière ». Il s’est même offert un petit plaisir lors du Sixième tour de la Coupe de France : il a marqué le dernier tir au but offrant ainsi la victoire boulageoise face à Saint-Avold. Héros encore, lors de la rencontre de coupe régionale contre le petit poucet de la Coupe de France Hombourg-Haut, puisque, lors de la séance de tirs au but, il en a arrêté deux permettant au CAB de se qualifier pour le tour suivant.

Des sélections régionales et nationales

Trois fois, il a défendu les couleurs de la France. En plus du titre de Champion de France des « sections sportives foot » avec le lycée de Nancy, il a représenté le pays au Chili lors de la Coupe du Monde de ces mêmes sections sportives en 2008. Même si le football à six est peu développé en France et beaucoup plus en Europe de l’Est, il a été retenu en équipe de France pour le Championnat d’Europe en Hongrie en 2016 et la Coupe du Monde en Tunisie en 2017. « Représenter la France, chanter La Marseillaise, c’est génial. Même amateur, on peut vivre de grands moments », dit celui qui a été aussi sélectionné en Coupe UEFA des régions. Au printemps prochain, la sélection régionale jouera la demi-finale de cette coupe qui n’est pas la plus médiatisée de l’UEFA. Régis a réalisé le rêve de tout footballeur amateur : vivre dans la peau d’un pro. Pourtant, il n’a jamais voulu devenir footballeur professionnel. « Cela aurait pu se faire si j’avais eu la mentalité. Pour moi, dans le foot, il y a deux niveaux : le haut niveau et le nôtre, N3/ R1. Si le CAB devait monter en N3, cela deviendrait compliqué pour moi au niveau travail avec quatre entraînements par semaine contre deux aujourd’hui, et les déplacements à gérer. Mon travail ne correspond pas aux obligations du foot. Dans les loisirs, je travaille le soir. Mes choix me plaisent tout à fait. ».

Foot toujours

La licence en poche, suivent 18 mois de service civique au District Mosellan et une incursion, loin du foot, chez Tupperware comme animateur avant la bonne opportunité, grâce à l’une de ses profs de licence. Il entre au Soccer Park de Metz-Nord, en devient le directeur-adjoint puis le directeur ville des deux sites Five, après l’ouverture du pôle loisirs de Moulins-lès-Metz. « Le Five est un lieu de vie, je gère une affaire dans le foot : le foot à cinq, tout le plaisir du foot sans les inconvénients », nous dit Régis. Son rêve de rejouer attaquant est exhaussé au Five avec le foot à cinq, une sorte de baby-foot géant, où il marque des buts et il ajoute : « Je ne regarde pas le foot à la télé : j’en parle, j’en vends, j’en discute et j’en joue. Je n’ai pas besoin de grand-chose pour être heureux : terrain, cage, maison. Je recherche la qualité de vie plus que l’argent ».

Foot loisirs encore avec le Five

Depuis quelques mois, le Five a ouvert dans l’ex-Rotonde SNCF de Moulins-lès-Metz. Avec une cinquantaine de sites, ces pôles de loisirs se multiplient en France et ailleurs. Depuis sa fusion avec Soccer Park en 2016, Five a pris une nouvelle dimension devenant le leader européen du loisir sportif indoor. Les deux structures messines, à Metz-Nord et à Metz-Sud, rassemblent huit terrains de foot à cinq et de Bubble 5 (football dans une bulle), quatre terrains de padel, mélange de tennis et de squash, ainsi que des écrans géants et une académie de foot. Elles organisent un championnat, des tournois, des stages, des séminaires et des anniversaires. L’agglomération messine est elle aussi frappée par cette « Fivemania ». Derrière ses deux centres, on retrouve donc un même directeur, Régis Giraldo, avec sa femme comme adjointe et dix employés.

Rédigé par Jean-Marie MATHE

Passionné de médias et correspondant local en Pays Boulageois pour le Groupe BLE Lorraine.

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