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Constellations et étoiles de Lorraine

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Hier soir, profitant de ce que la pluie avait cessé, je suis sorti, rapidement, pour prendre l’air. Il faisait nuit. Une nuit douce, un peu humide, mais pleine de vie. Les peupliers faisaient trembler leurs feuillages dans un bruissement aquatique et la lune, pareille à un bateau fantôme, voguait tranquillement sur une mer de nuages d’argent. Soudain, en levant les yeux, j’ai vu des étoiles. Des centaines d’étoiles qui jouaient à cache-cache derrière les nuages. Il devait y avoir, là-haut, entre Orion et Cassiopée, une étoile polaire, une grande et une petite ourse. Et des dizaines de constellations que je n’ai jamais appris à identifier.

Constellations. Le mot venait de traverser mon esprit comme une étoile filante. Instinctivement, il me faisait songer à la manifestation homonyme qui se déroule à Metz et qui jette chaque été, dans les rues de la ville, des œuvres d’art qui sont autant d’étoiles ou de drôles d’astéroïdes. Je me promettais d’aller voir ces constellations-là. Et de me moucher, un peu, dans ces étoiles, pour reprendre le mot de Brel.

Et puis, de constellations en galaxies, de comètes en planètes, mon esprit vagabond s’est mis à songer à d’autres étoiles encore. A ces minuscules étoiles de pierre, que j’ai ramassé, en été comme en hiver, au sommet de la Colline de Sion. La légende raconte que c’est la Vierge Marie qui aurait pris une poignée d’étoiles au firmament et les aurait jetées sur la colline, pour protéger une fille du Prince de Vaudémont qui se faisait poursuivre par de mauvais brigands. Peut-être … Toujours est-il que la colline, en forme de croissant de lune, est un lieu poétique à souhait. C’est le jardin de mes rêves. L’antichambre de mes songes …

J’ai justement poursuivi mon rêve, tout en restant éveillé. Et j’ai songé, comme ça, à Compostelle. Campus stellae en latin. C’est-à-dire, le « champ de l’étoile ». Je me suis imaginé en train de mettre mes pas dans les pas des pèlerins. Suivant la course des étoiles, franchissant cols et montagnes, plaines et marécages, landes et bocages, rivières et villages. Je me voyais marcher, sur un chemin d’étoiles …

Et je me suis souvenu d’une phrase. Prononcée par une personne, qui aura traversé ma vie un peu comme ces étoiles filantes traversent le ciel d’été. Elle m’avait dit, cette personne : « surtout, ne t’arrête jamais d’écrire ! Les vraies étoiles, Kévin, sont dans le fond de ton encrier ».

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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