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Comment va le centre-ville de Boulay-Moselle ?

70 commerces, des ouvertures et des fermetures, une zone commerciale complémentaire en plein boum : près de 6 000 habitants, à 25 km de Metz, c’est Boulay-Moselle. Un centre-ville un peu moins dévitalisé que les autres.

En France, 3 100 villes ont moins de 20 000 habitants et représentent plus de vingt millions d’habitants. Lien indispensable entre l’urbain et le rural, nombre de leurs centres villes se dévitalisent. C’est une réalité que personne ne peut plus ignorer. En déclin continu depuis cinquante ans, accéléré depuis vingt ans, ceux-ci vont mal. A tel point que l’association « Centre-ville en mouvement » a lancé un cri d’alarme et décidé d’en faire une grande cause nationale en 2018, afin de les redynamiser.

Ce n’est pas une fatalité

Boulay-Moselle est une ville dynamique proche de Metz. Avec une population en hausse constante, la commune possède une soixantaine d’associations et 3 000 emplois, dont 300 dans le commerce. D’un côté, sur 70 boutiques, un magasin sur six est fermé au centre de Boulay. De l’autre, Super U, ouvert en 2002, verra prochainement sa surface de vente augmenter de 50 % en avril pour atteindre 3 500 mètres carrés, avec en plus un drive. Y a-t-il un lien de cause à effet ? « Les deux sont complémentaires : pas de concurrence avec le centre-ville tout proche. Super U participe à l’attractivité du territoire et, avec les quatre cellules commerciales à côté, c’est un moyen supplémentaire d’éviter l’évasion commerciale », tempère Christophe Baranger, son directeur.

Qu’en dit le maire ?

La municipalité a rénové et aménagé le centre-ville en concertation avec les commerçants. Mais cela n’a pas suffi à conserver tous les commerces, faute de repreneurs ou par échec commercial. « Je reste persuadé que la zone commerciale a sauvé le centre-ville. Boulay a une bonne image, une population jeune et 300 places de parking.  Son centre est encore dynamique », rappelle André Boucher qui ajoute : « quand j’ai été élu maire en 2008, une de mes premières décisions, inscrite au PLU (Plan Local d’Urbanisme), a été d’interdire de transformer un commerce vacant en logement. »

« Boulay bouge »

Une foule de coupables est désignée pour expliquer les vacances commerciales : l’appauvrissement des villes, le e-commerce, les loyers élevés et la perte d’attractivité. Bernard Colbus, président de l’UCAB (Union des Commerçants et Artisans de Boulay) positive : « Comparé à Bouzonville et à Creutzwald, Boulay vit. Que ce soit dans l’immobilier ou le commerce. Avec nos 45 adhérents et un budget de 50 000 euros, on dynamise le centre-ville. Nos opérations, défilés de mode, braderies, Saint-Nicolas ou Noël, attirent le chaland. Boulay bouge. On réfléchit à un site internet et à une carte de fidélité, mais, la communication se paie ». Les commerces des centres villes ne répondraient plus aux attentes des consommateurs, dit-on. Contrairement à d’autres villes, petites et moyennes, Boulay semble avoir trouvé la parade.

Et si les centres villes s’inspiraient des centres commerciaux ?

Cette idée a été reprise dans un récent article des Echos. La fin de l’année 2017 a vu revenir à la une de l’actualité la question des centres villes forçant le gouvernement à annoncer un plan d’action pour 2018 : un plan de revitalisation de plus de cinq milliards d’euros sur cinq ans. En 2016, le CGEDD (Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable) proposait dans un rapport « sur le modèle des centres commerciaux, le regroupement des acteurs du centre-ville au sein d’organisations permanentes ». Pourquoi pas ? Ainsi à Saint-Quentin dans l’Aisne, « Les boutiques de Saint-Quentin » comptent 120 adhérents avec une carte de fidélité : l’association ne regroupe que des commerçants indépendants, sans aucune succursale de grandes enseignes nationales. Créer une dynamique de centre-ville ne pourra se faire que par la coopération entre acteurs publics et privés.

Paroles de commerçants

Si de nombreux commerçants tirent la sonnette d’alarme, d’autres ne veulent pas baisser le rideau. En 37 ans d’activité, Daniel Moench connaît les habitudes des Boulageois par cœur. Il est la troisième génération à être dans l’électro-ménager. « Malgré des améliorations, j’ai vu le centre décliner et de nombreux confrères fermer. C’est le client qui décide, pas le commerçant. Il n’y a plus l’aspect convivial et familial d’avant. Sept fois plus de voitures en vingt ans, il faut s’adapter. Boulay est encore une petite ville active, préservée par rapport à celles des alentours. »

Huguette Reslinger, plus connue sous le sobriquet de « Nénette », baissera le rideau à la fin de l’année après quarante ans de bons et loyaux services. A plus de 70 ans, et après quatre ans d’attente, le repreneur tant espéré ne s’est pas présenté pour reprendre sa mercerie multi-rayons. « Un loyer ne devrait pas dépasser 9 % du chiffre d’affaire. Celui-ci étant constamment en baisse, ajouté au RSI (Régime Social des Indépendants), c’est difficilement supportable. Des mentalités qui changent, une clientèle vieillissante qui disparaît, une administration tatillonne, on a cassé les centres villes. »

Quant à Digicom, un pro de la téléphonie et de la réparation rapide, il est, depuis le 4 décembre 2017, le dernier commerce ayant ouvert à Boulay. Indépendant et multimarques, son gérant, Ali Usla, 26 ans, se veut résolument optimiste. « Les gens sont attirés par les centres commerciaux, tout à un seul endroit. La concurrence n’est pas le plus gros problème. Si je suis honnête avec la clientèle, si je lui fournis du bon travail dans les délais, elle viendra. »

Rédigé par Jean-Marie MATHE

Passionné de médias et correspondant local en Pays Boulageois pour le Groupe BLE Lorraine.

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