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Gare TGV-TER de Vandières : « il n’est jamais trop tard pour bien faire les choses »

A l’origine de deux pétitions citoyennes en ligne sur change.org et sur petitions24.net pour faire aboutir le projet de gare d’interconnexion TGV-TER en Lorraine, Pierre Debano, spécialiste des transports ferroviaires et ancien adjoint au Maire de Nancy de 1977 à 1983, relance le débat Vandières-Louvigny. Il répond à nos questions.

BLE Lorraine : Quel sens donnez-vous à votre initiative avec cette pétition ?

Pierre Debano : « L’objet de la pétition, qui s’adresse à M. Philippe Richert, Président de la région Grand Est, est d’éviter que la Gare TGV-TER de Vandières ne soit pas réalisée parce qu’on aura laissé le dossier s’enfoncer dans la léthargie, sans prise de décision formelle de la part du Conseil Régional. Il faut que, soit on réalise cette gare, suite logique d’une enquête publique favorable, d’une DUP (Déclaration d’Utilité Publique) et du financement assuré, soit on décide, malheureusement, sa non-réalisation par un vote du Conseil Régional.

Cet initiative résulte du sentiment que le dossier était enlisé (il l’est toujours), malgré l’action méritoire de quelques personnes qui ont obtenu de nombreux soutiens de municipalités et de citoyens. L’action d’une personne, qui jusqu’à présent ne s’était pas investie sur le sujet, peut être de nature à relancer ce dossier. »

BLE Lorraine : Pourquoi soutenez-vous le projet de Gare d’interconnexion TGV-TER de Vandières ?

PD : « Tout d’abord, sur un plan purement technique, l’interconnexion directe du TGV et du TER est un atout considérable, diffusant l’effet TGV dans toute une région et à toutes les personnes, disposant ou non d’un véhicule automobile. Les gares dites «betteraves » ont montré leurs limites. Si la SNCF n’avait pas déclaré à l’époque, par la voix de son Président, M. Essig, que la réalisation de cette gare était « techniquement » impossible, la suite ayant démenti de façon cinglante ce propos irresponsable, cette gare existerait aujourd’hui. La Gare de Louvigny, qui devait être provisoire, a été réalisée, avec pour conséquence un accès obligatoire en voiture ou en bus, coûteux et pénible, pour toute personne qui veut utiliser un TGV d’interconnexion ou un TGV desservant Strasbourg ou l’Allemagne, et d’autant plus coûteux et pénible qu’on habite, où que l’on se rend, loin de la Gare de Louvigny.

Tout est en place pour que la Gare TGV-TER de Vandières soit construite. La faisabilité technique est démontrée, la DUP prononcée, les terrains nécessaires achetés, des travaux préparatoires à hauteur de 23 millions d’euros ont déjà été réalisés et les financements pour la terminer, de l’ordre de 120 millions d’euros, sont assurés.

Sur un plan d’équité sociale, il n’est pas normal qu’une partie de la population soit privée de transports performants, alors qu’elle a participé par ses impôts au financement du TGV Est-européen.

Alors, effectivement, la grande majorité des Lorrains pourra continuer à vivre sans la Gare TGV-TER de Vandières, comme d’ailleurs tous les lorrains vivaient sans autoroute jusque dans les années 1970. Mais est-il normal de les priver du progrès ? »

BLE Lorraine : N’est-il pas trop tard ? La Gare de Vandières peut-elle encore ce faire ?

PD : « D’abord, il n’est jamais trop tard pour faire bien les choses et terminer ce qui a été commencé. Et tout est en place, la possibilité technique, les terrains, les financements, etc. pour la réaliser. Il ne manque qu’une décision pour la faire. Mais si l’on veut qu’une grande partie de la Lorraine se trouve dans la même situation que des villes qui avaient refusé le chemin de fer au XIXème siècle, alors il faut avoir la même attitude, aujourd’hui, que ces élus aussi peu clairvoyants d’avant-hier. »

BLE Lorraine : Que répondez-vous aux pro-Louvigny ?

PD : « Bien évidemment, le transfert de la Gare Lorraine TGV à Vandières va bénéficier à une partie, mais va pénaliser une autre partie des utilisateurs actuels, ceux qui en sont tout près, et qui devront alors aller soit à Vandières, soit à Forbach. Mais j’ai participé par mes impôts à la réalisation du TGV Est, bénéfique pour une partie des Lorrains et des Alsaciens, et j’ai subi parallèlement une diminution de 40 % du nombre de trains dans ma gare d’Epernay. La solidarité, c’est prendre en compte l’intérêt général.

Il y a des gens qui ne sont pas pro-Louvigny, mais anti-Vandières, parce qu’on (la SNCF ?) leur a expliqué que si Vandières se faisait, cela saturerait les gares de Nancy et de Metz, et que cela supprimerait des TGV directs Paris-Metz ou Paris-Nancy. La SNCF avait expliqué en son temps que Vandières TGV-TER était techniquement impossible. Avant l’arrivée du TGV, la SNCF expliquait que la ligne Nancy-Metz était saturée et que, sans troisième voie entre Pagny-sur-Moselle et Nancy, il serait impossible de faire rouler les TGV prévus. Vous avez vu une troisième voie réalisée? Et pourtant, non seulement les TGV circulent, mais en plus, il y a plus de TER. Compte tenu du nombre de TER qui circulent aujourd’hui entre Nancy et Metz, on peut penser qu’ils suffiront pour assurer la desserte de Vandières. Les arguments anti-Vandières ne résistent donc pas à une analyse objective. »

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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