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De la biodiversité préservée des prairies alluviales de la Meuse

Meuse

Plaines alluviales de la Meuse (Crédits photo : Google Street View)

Entre Dun-sur-Meuse et Mouzay, la Meuse se faufile soudainement dans une vallée où son lit majeur, qui était jusqu’ici à l’étroit depuis Verdun, s’étire enfin sur une largeur de trois kilomètres en moyenne. Les derniers reliefs des Côtes de Meuse s’écartent sur la rive gauche du fleuve, tandis que le Plateau Lorrain commence à s’annoncer sur sa rive droite. Après le franchissement du Canal de l’Est à Mouzay, une vaste plaine alluviale se dessine alors.

L’étendue est irriguée d’une multitude de petits ruisseaux aux eaux dormantes tapissées de nénuphars. L’ensemble forme un réseau aquatique entremêlé qui rejoint le fleuve ou l’un de ses nombreux bras morts, appelés « noues » dans cette partie de la Lorraine. Les lieux-dits qui bordent les méandres de la Meuse ont des noms évocateurs comme « l’accrue du chêne », « le trou du crapaud » ou encore de « l’île aux hérons ». Régulièrement inondés en automne et en hiver, voire parfois encore au printemps, tous attestent de l’impétuosité du fleuve et de sa tentation de sortir de son cours facilitée par une très faible pente. Les crues fréquentes ont profondément marqué l’environnement, dessinant un paysage rare caractéristique des pâtures humides. La Meuse retrouve ici son caractère sauvage.

La richesse de la biodiversité des plaines alluviales de la Meuse provient avant tout de sa grande diversité ornithologique. Plus de 150 espèces d’oiseaux y sont en effet recensées sur vingt kilomètres à peine, dont 62 sont inscrites sur la liste rouge de celles menacées de disparition, à l’image du râle des genêts et du courlis cendré. De nombreux petits passereaux des champs sont également en danger depuis l’intensification des pratiques agricoles. Les prairies de Mouzay abritent encore le tarier des prés, la bergeronnette printanière ou le bruant proyer. Les flancs à nu des berges limoneuses du fleuve constituent par ailleurs un habitant idéal pour le martin-pêcheur, le guêpier ou l’hirondelle de rivage, même si la plus importante colonie de la vallée de cette dernière se trouve à Charny, en amont de Verdun, avec plus de 300 terriers recensés dans une carrière d’extraction de granulats.

Ces 4 000 hectares d’herbages constituent le plus bel ensemble de prairies alluviales qui subsistent en Lorraine et le dernier bastion de la rainette verte du râle des genêts. Surnommé roi des cailles en raison de son plumage, ce discret représentant de la famille des gruidés est révélateur d’une biodiversité exceptionnelle. Cet oiseau migrateur se signale surtout au printemps par le chant monocorde des mâles, qui rappelle le son des crécelles et trahit leur présence dans la marée végétale. Malgré la baisse inquiétante du nombre d’individus, le râle des genêts reste le symbole de la préservation de la vallée et de ses biotopes. La mise en œuvre de mesures agro-environnementales avec par exemple le report de la date de fenaison après le 20 juillet ou encore la pratique de la fauche centrifuge allant du centre de la parcelle vers l’extérieur, afin de laisser du temps aux oiseaux pour s’échapper, ont permis de maintenir l’espèce. Sans le concours des agriculteurs, celle-ci aurait depuis complètement disparu, comme tant d’autres.

(Source : RL du 14/08/2016)

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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