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La légende du Sotré des Vosges

Les campagnes lorraines fourmillaient jadis d’un tas de personnages fantastiques, la plupart du temps nés de l’imaginaire paysan. Ainsi en va-t-il du Sotré, sorte de petit lutin facétieux, capable d’aider le fermier dans ses travaux quotidiens ou, au contraire, de lui jouer quelques mauvais tours.

Particulièrement attesté dans la montagne vosgienne, le Sotré permettait également d’expliquer quelques phénomènes curieux qui pouvaient marquer la vie paysanne d’autrefois. Un objet, que l’on croyait perdu à jamais, réapparaissait subitement et l’on remerciait le Sotré. L’écurie était-elle suffisamment propre pour ne pas avoir à la « monder », qu’on se disait que le lutin était forcément passé par là … Mais malheur à celui qui voulait apercevoir le Sotré ou qui manquait de le remercier par une petite obole. Le petit être se montrait alors malicieux et pouvait jouer quelques mauvaises farces. Et la vache qui se mettait à ne plus donner de lait suffisait alors à faire accuser le Sotré. De même, si la crinière d’un cheval s’était emmêlée durant la nuit. On mettait cela sur le compte du Sotré, en supposant qu’il s’était tressé une sorte de balançoire, pour jouer à l’escarpolette. Facétieux, le lutin semble avoir été une sorte de prolongement des divinités domestiques que les celtes et les Romains avaient l’habitude de vénérer.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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2 Commentaires

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  1. Tu crois à ça, toi ? m’a demandé un jour un ami qui fustigeait ma naïveté parce que j’avais eu le malheur de lui parler du Sôtré. Oui, le Sôtré, ce petit être facétieux qui hante les vieilles maisons lorraines. Les anciens lui attribuent mille tours. Une paire de lunettes égarées ? C’est une blague du Sôtré ! Des cheveux emmêlés alors qu’ils ont été peignés la veille ? Encore une facétie du Sôtré ! Des fétus de paille qui tourbillonnent dans le vent ? C’est le Sôtré qui danse avec les fées.

    Ce n’est pas que je crois que le Sôtré existe. Mais peut-être bien qu’il a existé quand même, neum ? Il y a des signes qui ne trompent pas, tout de même. Certes, personne n’a jamais pu photographier un Sôtré. Mais cependant, tout le monde en parlait, jadis, dans les campagnes, de la Woëvre aux Hautes-Vosges et du Saintois au Pays des Etangs. C’est bien qu’il devait y avoir quelque chose. Moi, je vais vous dire, je ne crois pas trop au Sôtré. Mais un peu quand même. Quand je suis rentré du collège, la semaine dernière, et que j’ai trouvé mon garage tout mondé, tout bien rangé, tout propre tout net quoi, et bien je me suis dit, d’emblée : vinguette, c’est le Sôtré ou quoi ?

    Et puis j’ai reçu un sms de mon père, qui disait : suis passé chez toi aujourd’hui. J’ai rangé le garage, c’était un sâpré caîllon !

    C’est pas que je crois au Sôtré, mais un peu quand même.

    Kévin GOEURIOT, historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine

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